Film culte pour toute une génération (voir plusieurs) de filles (nées avant 1990 tout de même…), "Fanfan" se regarde, aujourd’hui, encore avec un certain plaisir coupable. Certes, il faut faire preuve d’une certaine indulgence sur la mise en scène d’Alexandre Jardin, qui officiait pour la première fois à ce poste (où il n’a guère fait carrière, du reste…) et qui nous offre un montage qu’on qualifiera poliment d’atypique (générique de début et de fin follement kitch, scènes parfois trop rallongées ou raccourcies sans crier gare, passage abrupte d’une scène à l’autre…). Il faut, également, faire abstraction des comportements parfois un peu trop littéraire (adaptation de livre par son propre auteur oblige ?) des personnages, souvent en plein questionnement existentiel et autre recherche du sens de la vie, de l’amour, du couple, etc… Pour autant, "Fanfan" bénéficie d’un incroyable atout qui fait toute la différence : le charme extraordinaire de ses acteurs et, plus particulièrement, de son formidable duo vedette ! Comment ne pas tomber immédiatement amoureux de Sophie Marceau, qui est, non seulement, extraordinairement belle mais, surtout, incroyablement, pétillante ? Son personnage est un rêve éveillé qui porte le film, comme peu d’héroïne de film romantique l’ont fait. Face à elle, Vincent Perez nous livre une prestation, également, incroyablement magnétique. Avec son élégance naturelle et son sourire ravageur, il parvient à rendre son personnage terriblement attachant malgré ses motivations pourtant discutables. Le couple fonctionne à merveille (à tel point qu’on se demande pourquoi ils n’ont pas été réunis plus souvent à l’écran) et il faut bien admettre que, sans eux, le film ne vaudrait peut-être pas grand-chose… Il serait injuste d’oublier les seconds rôles, qui se fondent parfaitement, dans le décor, à commencer par l’amusant couple formé par Micheline Presle et Gérard Sety, ainsi que la belle Marine Delterme en future épouse. Autre point plutôt positif : l’intrigue, qui ne vient, certes, pas révolutionner le genre mais qui a, au moins, le mérite de proposer une certaine réflexion sur le couple et la crainte de son érosion (même si, une fois encore, la peur de la "routine" n’est pas le sujet le plus original qui soit) qui vient un peu nourrir le récit et, surtout, qui permet au réalisateur de s’autoriser certaines séquences à la limite de l’onirisme.
On pense notamment à la très jolie scène de valse à "Vienne" (et à sa formidable musique) qui est restée dans le cœur de bien des jeunes filles… On pense, également, à l’invraisemblable idée du miroir sans tain séparant les deux appartements
. "Fanfan" est, donc, loin d’être un chef d’œuvre et flirte souvent avec la ligne rouge du nanar guimauvesque… mais parvient à remporter la mise grâce à son incontestable charme et au talent de ses comédiens. Un petit plaisir coupable, quoi.