Avant de commencer à donner mon avis, je dois avouer que je suis assez surpris par la note donnée par les internautes : à peine la moyenne… Oui, vous l’avez compris, j’ai bien aimé "Fanfan". Bon, en dépit de son millésime 1993, je ne savais absolument rien de ce film proposé par France 2 en ce samedi 30 mai à la veille de la Pentecôte. Cependant je reconnais que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans le film, quelque peu décontenancé par le générique du début qui ne manque pas de rappeler plus ou moins la scène mythique de "La belle et le clochard". Ce n’est pas tout. Les personnages sont un peu jetés en vrac et les différentes scènes s’enchaînent les unes aux autres sans lien apparent. Le risque encouru est de perdre le spectateur et de réduire à néant son intérêt, et par la même occasion de lui faire craindre le pire pour la suite malgré la tête d’affiche sympathique. Eh bien il faut passer ce cap. D’accord le début du film est semble-t-il maladroit, mal maîtrisé tant le réalisateur semble pressé d’en venir à l’essentiel. Peut-on le blâmer ? En aucun cas, un film ne peut être aussi précis qu’un bouquin, mais la question se pose : a-t-il pris des libertés par rapport à son propre roman ? Car "Fanfan" n’est ni plus ni moins que l’adaptation du roman éponyme d’Alexandre Jardin, lequel revêt ici une double casquette de plus, à savoir scénariste et réalisateur. Le fait est que pour une fois, le synopsis (que je considère souvent comme trop bavard, comme c’est d’ailleurs le cas ici) peut vous aider à hiérarchiser un peu ce début. Dans le cas où vous n’auriez pas lu le synopsis et si vous êtes parvenus à rester devant votre écran, le charme va peu à peu vous envelopper, à plus forte raison si vous êtes un romantique dans l’âme. Le charme de Sophie Marceau fait son effet, apparaissant plus belle qu’elle ne l’est déjà, autrement dit plus belle que jamais. Confrontée à Vincent Perez envers qui j’avais un énorme doute quant au choix de l’acteur, elle fait preuve d’un naturel comme si elle dévoilait là sa vraie nature. Loin d’être timorée, diaboliquement sexy avec ses bottes rouges qui soulignent ses cuisses dont la naissance est cachée par un short, elle se sait physiquement attirante et en joue, jusqu’à… dévoiler une partie de ses mensurations ! De quoi faire tourner la tête des hommes. Tel un symbole, elle entraîne dans ce tourbillon d’attirance et de désir un homme pourtant prêt à se marier : Alexandre (Vincent Perez). Réunis ensemble à l’écran, les deux personnages semblent faits l’un pour l’autre. Et pourtant, tout semble les opposer. Elle est pour l’amour sans conditions et sans retenue, il est partagé entre la passion et la raison, fut-il un ennemi de la routine qu'il exècre au plus haut point. Il sait qu’il n’a pas le droit de faillir, ne serait-ce qu’éthiquement parlant. Et on comprend qu’il soit partagé, ayant une fiancée qui n’hésite pas à user d’artifices pour pimenter une vie de couple déjà plus ou moins tombée dans la routine. Superbe Marine Delterme en lingerie affriolante dont la couleur rouge pourrait déteindre sur toute une armée ! Moi-même ai manqué de m’étouffer en mangeant mon canapé ! C’est dire ! Oui, bravo à l’actrice qui a dévoilé ses formes sous des tenues sexy, celles à travers desquelles l’aréole des seins se laisse entrevoir. Mais que valent ces tenues diaboliques face aux vertiges de l’amour ? Alexandre Jardin nous livre une réponse. SA réponse. LA réponse que tout le monde sait. Tout le monde sait que quand on a quelqu’un dans la tête et qu’on ne peut plus l’en sortir, ça se traduit par ce qu’on appelle les vertiges de l’amour. Et tout le monde sait que les vertiges de l’amour sont souvent comparables à un grand huit. Un grand huit qui vous apporte diverses sensations, allant du bonheur le plus complet à la souffrance la plus effroyable. Ces sensations qui vous font sentir vivant(e). Certes bien aidé par sa paire d’acteurs, le réalisateur-auteur-scénariste exploite cela à merveille à travers un film plein de sensibilité. Un film au propos empreint à la fois de passion et de férocité mais qui met en avant le plaisir de séduire, le charme des romances rendues possibles par le partage des sentiments. Un film saupoudré aussi d’une note de poésie par l’intermédiaire des miroirs sans tain, lesquels permettent une approche poétique de ce doux sentiment qu’est l’Amour. Même si on peut noter une ou deux longueurs, on sent les deux acteurs principaux complètement concernés. Concernés et totalement impliqués. L’avantage est qu’il ressort d’eux une grande sincérité. Certes la mise en scène n’est pas toujours des plus abouties, mais l’appel à l’abolition de la routine est lancé. Une véritable ode à l’amour, au couple, pour lequel il faut savoir se réinventer. Dommage que ce film ne soit pas plus puissant pour emporter l’adhésion de tous car j’ai l’impression qu’il n’y a guère que les romantiques qui peuvent comprendre la profondeur du récit. Il reste cependant l’apparition en caméo de Thierry Lhermitte : était-elle vraiment utile ? Surtout sans réplique… Un figurant quelconque aurait aussi bien pu faire l’affaire. D’ailleurs, puisque je suis venu à parler des rôles autres que ceux du devant de la scène, on pourra exprimer du regret quant à leur manque d’exploitation. Oui, dommage qu’ils ne soient pas plus approfondis, comme la complicité entre Alexandre et Ti ; peut-être aurait-on pu voir davantage Laure se battre et accentuer plus encore ses surprises et extravagances ; et que dire des ascendants de Fanfan, notamment de la personne qui révèle le secret ? Alors oui, c’est vrai que ce film parait incomplet et perfectible en bien des points. Mais l’interprétation des deux acteurs principaux est telle, qu’on sent peu à peu l’osmose s’installer entre eux et de ce fait nous faire adhérer à leur histoire. Ceux qui n’ont pas été convaincus me rétorqueront : « peu probable », en parlant de cette histoire. Peut-être ont-ils raison. Mais en amour, rien n’est impossible, si ? Et puis… c’est permis de rêver, non ? Le rêve ne donne-t-il pas accès à l’impossible ? D’accord, ce long métrage ne fait pas rêver. Mais il a le mérite de proposer une réflexion sur les difficultés liées à l’amour, sur la passion éternelle, le désir, la routine synonyme à la fois de confort et de dangers), la passion dévorante et les tourments. Dans tous les cas, ce n’est certainement pas une recette miracle. En existe-t-il une, seulement ?