Tiens, à l’occasion du décès de David Hamilton je vais essayer d’organiser ma petite rétrospective critique de ses films, que j’ai vu pour la plupart il y a assez longtemps. Une filmographie érotisante, et Premiers Désirs est une sorte de Vacances de l’amour dans une version plus adulte. Même si ça reste très soft.
Le souci de ce film, et des métrages d’Hamilton de façon générale, c’est le scénario plus que ténu. En réalité Hamilton n’est pas un narrateur, ni un scénariste, et il se contrefiche assez nettement de son histoire, ce qui n’est pas bon dans un long-métrage. Un peu d’amour, un peu d’érotisme, un peu d’émotion sur la fin, juste de quoi donner une substantifique moelle à ce métrage, mais certainement pas de quoi offrir un film avec un vrai relief. Ça se laisse suivre gentiment grâce aux acteurs et aux belles images, mais on ressort à la fin en se disant qu’on n’a pas franchement assisté à quelque chose de notable.
La faiblesse scénaristique est en effet compensée par un travail esthétique certain. Alors c’est sûr, il faut adhérer au style Hamilton : photographie éthérée et lumineuse, décors élégants et raffinés, érotisme soft et vaporeux, le tout sur une musique évidemment classique, au piano. Honnêtement, c’est un style un peu « kitsch » sans doute, mais c’est raffiné, ça a de la personnalité (même si de nombreuses imitations postérieures ont un peu ruiné cette originalité), et le luxe, l’opulence ne l’emporte pas trop sur la fraicheur de l’ensemble. Le résultat est donc appréciable, et le film se démarque quand même du tout-venant.
Le casting est assez curieux, avec quelques spécialistes de l’érotisme soft de l’époque comme Patrick Bauchau (vu dans Emmanuelle 4 aussi) qui est très bon. Sobre et posé, il propose une prestation de belle facture face à une Monica Broeke charmante, au jeu plus approximatif mais à la photogénie certaine. Avec aussi quelques figurent du cinéma plus « classique » français, à savoir Emmanuelle Béart ou Stéphane Freiss. Même s’il y a pas mal de seconds rôles dont on suit les mésaventures d’un œil distrait, le film se concentre largement sur le duo Broeke-Bauchau, avec l’interaction d’Inger Maria Granzow, qui impose aussi une belle présence, et, sans doute le personnage le plus intéressant du film.
Premiers désirs n’est pas un grand métrage, mais c’est un film raffiné visuellement. Beaucoup trop court sur le fond, il n’en reste pas moins un film esthétiquement affirmé qui propose régulièrement de très beaux tableaux. Le cinéma reste après tout un art de l’image avant tout, même si l’ennui peut poindre, Hamilton parvient bon an mal an à maintenir l’attention. 2.5