Farouche opposant à la guerre en Corée durant son exécution, Gregory Peck n'en est que plus motivé à donner un film pacifiste, qui démontre l'absurdité, la barbarie, l'incompétence des généraux, tout en glorifiant les actes de bravoure de ces hommes. Il s'attache pour cela les services du vétéran hollywoodien Lewis Milestone, celui-là même qui avait signé un film qui l'avait profondément marqué : "A l'Ouest, rien de nouveau", adaptation du roman éponyme d'Erich Maria Remarque. On retrouve ainsi certains motifs du réalisateur, qui fait à nouveau ses travellings latéraux sur les combattants qui tombent sous le feu ennemi ou bien ce plan incroyable où les soldats regardent partir les camions qui viennent de les déposer devant ce qui sera leur tombeau. Il traque les regards perdus des hommes, filme dans un mouvement et un fracas presque perpétuel ces corps qui tombent, presque inlassablement. Au sein d'un noir et blanc magnifique et très contrasté, il rend aussi bien compte des combats nocturnes que diurnes. Bien rythmé, le film empile les scènes d'action, avec des charges presque suicidaires, rempli sa bande-son de fusillades, d'explosions diverses, les soldats bougent tout le temps, preuve qu'ils sont en vie, il montre parfois les dégâts sur les chairs, avec des plaies sanguinolentes (fait rare à l'époque), sait suggérer l'horreur quand il faut, il nous plonge aussi aux côtés des tourments intérieurs de ces hommes lâchés au milieu de ce conflit, de cet assaut presque inutile, pour une petite colline qui n'en vaut presque pas la peine, et qu'ils savent pénible à prendre mais aussi difficile à défendre avec aussi peu de troupes. On ressent parfois toute la détresse de ces hommes face à la perte d'un compagnon ou parfois face aux difficultés qu'ils rencontrent. (...) Le film de Milestone ne souffre pas vraiment de la comparaison avec les classiques de Samuel Fuller consacrés au sujet, comme "Baïonnette au canon" ou "J'ai vécu l'enfer de Corée". Fuller, qui avait couvert le conflit, rendait compte d'une certaine réalité du terrain, de certains agissements héroïques ou moins nobles des GI's. Milestone se concentre sur les actes des soldats, sur l'héroïsme et le courage des combattants, mais il se permet d'aller un peu plus loin au niveau des considérations, développant notamment la contextualisation de la guerre et s'attaquant plus frontalement à la hiérarchie. Fuller était plus dans l'emphase avec les hommes et se concentrait plus sur les dégâts de la guerre sur leur âme. Une autre approche, complémentaire, qui permet d'apprécier chaque film à sa juste valeur. La critique complète sur thisismymovies.over-blog.com