Je dois bien avouer que ce film, réalisé par Morgan Neville, m'intriguait beaucoup plus de par son aspect formel que de par son propos. Car si les films Lego existent depuis quelques années et sont relativement courant au cinéma depuis dix ans, réaliser un biopic documentaire sur Pharrell Williams avec des intervenants etc. sous la forme d'un film Lego, ça vise quand même un public particulièrement de niche ! Et c'est sans surprise que je me suis ennuyé les premières minutes, me demandant vraiment ce que je foutais là et puis eh bien je me suis laissé prendre par la "magie" du film, celle-là même que décrit Pharrell lorsqu'il découvre des couleurs sur des notes pour la première fois. La forme devient alors plus compréhensible avec cette histoire de pouvoir mettre des couleurs de partout mais c'est surtout également plus simple pour pouvoir recréer à loisir le point de vue de Pharrell sur sa vie. Et c'est un peu ça qui me pose problème. Car en plus d'être dans un biopic au combien impersonnel (ce qui est paradoxal mais tout est lisse et ressemble ainsi à n'importe quel biopic de n'importe quelle star : enfance de classe moyenne/pauvre, premiers pas dans le business difficiles et puis succès), on est surtout devant une fiction fantasmée par Pharrell. Oui, les faits sont là et les éléments sont vrais et factuels mais le bonhomme se présente comme une sorte de héros du hip-hop, de la manière dont il a remodelé la pop (et pour le coup, c'est intéressant car je ne savais qu'il avait été derrière autant d'artistes comme Gwen Stefani, Justin Timberlake, Madonna, Britney Spears, Jay-Z, Snoop Dogg et bien d'autres) sans parler de ses échecs (ou très peu) et surtout de ses polémiques (oui c'est amusant de jouer "Blurred Lines" en arrière-plan mais ne pas le mentionner). Puis surtout, j'ai pas encore abordé l'éléphant au milieu de la pièce mais c'est quand même sacrément égo-trip. Alors oui, après le film, en voyant son parcours touche-à-tout, je peux comprendre un peu plus l'idée du projet mais s'auto-interviewer et interviewer les autres pour s'auto-congratuler, c'est quand même vachement moyen. Alors même si les Lego servent beaucoup de cache-misère (parce-qu'un docu comme celui-ci en live action n'aurait pas vraiment d'intérêt, hormis pour les fans hardcore) et sert quelques fois la mise en scène avec son originalité, l'égotrip de Pharrell prend beaucoup trop de place pour rendre l'ensemble appréciable.