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    Deux drôles d'oiseau
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    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

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    4,0
    Publiée le 15 avril 2023
    Deux drôles d’oiseaux » (1993), le troisième long métrage de Randa Haines qui fut un flop commercial retentissant pour la Warner aura sans doute sonné le glas de la carrière sur grand écran de la réalisatrice au parcours fulgurant et dont la brièveté peut s’apparenter à celle d’une étoile filante. Elle avait en effet démarré en fanfare sept ans plus tôt avec « Les enfants du silence », mélodrame subtil prenant pour cadre l’univers méconnu car resté tabou du handicap que la réalisatrice transcendait à travers l’amour d’un médecin (William Hurt) pour sa patiente (Marlee Matlin) atteinte de surdité. Le succès inattendu du film très novateur avait brutalement projeté en pleine lumière Randa Haines et son actrice (elle-même sourde) qui pour sa première apparition à l’écran décrochait l’Oscar de la meilleure actrice dans un rôle principal. A la suite, « Le docteur » (1991), toujours avec William Hurt, qui abordait lui aussi un sujet sensible remporta un joli succès. La réalisatrice semblait donc en voie de devenir une valeur sûre d’Hollywood, sachant allier avec délicatesse mais aussi réalisme, romance et sujets sociétaux délicats. Pour « Deux drôles d’oiseaux » en 1993, elle bénéficie donc d’un budget confortable lui permettant de réunir un casting haut de gamme (Robert Duvall, Richard Harris, Shirley MacLaine, Piper Laurie et une Sandra Bullock en devenir) autour d’une intrigue douce-amère concoctée par Steve Conrad, se penchant sur la difficulté de vieillir seul à travers la rencontre fortuite de deux retraités venus passer leurs vieux jours en Floride. Walter (Robert Duvall) est un ancien coiffeur célibataire de nature réservée et quelque peu tatillonne qui orchestre ses journées autour de petites routines lui permettant de surmonter une solitude qui lui pèse sans doute bien plus qu’il ne veut se l’avouer. Frank (Richard Harris) ancien marin au long cours, se situe à l’opposé du spectre émotionnel, fort en gueule, hâbleur, égocentrique, alcoolique mais surtout nostalgique de sa jeunesse et des faits d’armes qui l’ont jalonnée. Notamment un fameux combat de boxe, peut-être fantasmé, avec Ernest Hemingway qui donne son titre original au film : « Wrestling Ernest Hemingway ». L’opposition de caractères liée à celle des apparences qui l’accompagne est très judicieusement mise à profit par Randa Haines pour multiplier les scènes drolatiques, romantiques voire pathétiques sur le ton de la confidence ou de la grandiloquence suivant qu’elles ont Walter ou Frank comme principal animateur. spoiler: On se rappellera ainsi celle poétique et touchante où l’ancien barbier appliqué, rase de près son nouveau camarade hirsute, sans doute dans l’espoir qu’il se rapproche un peu de l’image que lui-même se fait d’un homme digne. Ou encore celle poignante voyant l’ancien séducteur bravache (Richard Harris) soudain conscient de ce qu’il n’est plus et demander à sa jolie logeuse (Shirley MacLaine) de l’autoriser à passer la nuit chez elle pour lui éviter le ridicule du lendemain
    . Le tout exposé avec la plus grande délicatesse pour évoquer la question essentielle qui concerne l’attitude de chacun face à l’issue inéluctable qui se profile immanquablement. L’autre abordée par « Deux drôles d’oiseaux » est celle de savoir si l’on peut toujours se faire un ami proche malgré l’expérience accumulée et les habitudes prises qui amenuisent la plasticité du caractère. Randa Haines qui tourne avec dextérité et malice autour du pot semble finalement nous dire que : « Oui, tout est toujours possible ». Shirley MacLaine, Piper Laurie toujours aussi jolies et mutines la soixantaine venue ainsi que la touchante et rafraîchissante Sandra Bullock épaulent avec tendresse deux vieux mâles qui cherchent à s’apprivoiser et finissant presque à y parvenir. Un film que l’on rangerait aujourd’hui dans la catégorie des « Feel good movies » réussis, sans doute arrivé un peu tôt sur les écrans. Richard Harris sec comme un coup de trique et Robert Duvall grimé en exilé cubain sont à leur meilleur et nous font regretter que leur formidable performance n’ait pas porté chance à Randa Haines depuis disparue des radars. Dommage. Vraiment dommage.
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