Ne vous fiez pas au synopsis, qui n'est qu'une façade de ce que le film veut vraiment nous raconter.
Présenté en ouverture à Cannes, le second film de l'année (et le 5e en 3 ans !) de Quentin Dupieux se veut une nouvelle fois méta, interrogeant la frontière invisible entre fiction et réel, entre personnages et acteurs, et multipliant les mises en abyme à l'intérieur de son dispositif ("ça fait encore partie du film ça ?").
Filmant une sorte de making of du film plus que le film lui-même (lorsque l'on replonge dans "la fiction de la fiction", une musique de fond se met automatiquement en route), son quatuor principal (Garrel, Lindon, Quenard et Seydoux), se sachant filmé, y prend un plaisir non dissimulé à jouer avec son image et son ego, s'envoyant et se prenant quelques réparties bien senties (Seydoux, qui se prend notamment cette remarque de la part de sa fille : "Toi, tu fais seulement semblant de faire des métiers, mais tu peux pas les faire.") et devant faire avec un figurant pour le moins stressé.
Une satire plutôt grinçante et inventive sur la représentation, les apparences, l'hypocrisie du milieu et l'impact des IA sur les productions cinématographiques (ici, le film est "écrit et réalisé" par une IA).
Un début de film dans lequel j'ai eu un peu de mal à m'immerger de par son rythme, et une partie finale toujours trop abrupte, ne sachant pas trop comment se terminer (le principal problème de la plupart des productions de Dupieux), et filmant en tout dernier plan ces mêmes rails le long de la route, depuis lesquels ont été filmés les acteurs un peu plus tôt (les coulisses de la réalité, encore une fois).
C'est surtout dans son fameux Deuxième Acte que le film marche le mieux pour moi, en terme d'humour et d'écriture, quand l'action et les personnages se posent et qu'ils peuvent vraiment se lâcher, nous offrant quelques piques bien savoureuses, et que Dupieux peut pleinement y déployer son dispositif.
Une comédie satirique dotée de vraies bonnes idées et d'un casting talentueux et bien choisi, mais qui ne semble pas totalement aboutie dans tout ce qu'elle voudrait aborder et nous raconter. Quelques minutes en plus et une véritable conclusion n'auraient sans doute pas été de trop. Ou alors un format court.
Dans un exercice similaire et récent, son «Yannick» me paraissait plus maîtrisé dans son ensemble. 6,5/10.