Les derniers Dupieux se suivent, et d'une certaine façon se ressemblent : même nonchalance affectée, mêmes mises en abyme, mêmes idées brillantes juste esquissées.
Ici, le principe est simple : nous voyons des acteurs jouer un film quelconque, puis nous pensons voir ces mêmes acteurs eux-mêmes, avant de nous rendre compte qu'ils jouent encore des personnages d'acteurs, etc. Jusqu'à une fin qui ne résout pas l'escalade, puisqu'à l'évidence, les derniers avatars à l'écran ne sont pas en réalité Louis Garrel, Léa Seydoux, Raphael Quénard et Vincent Lindon.
C'est a peu près tout, et c'est finalement assez peu : on ne s'attache à aucune des personnalités présentées, qui, il faut le dire, sont relativement antipathiques. Dupieux s'ingénie, avec une sacrée dose de méchanceté, à mettre en avant les travers (supposés) de tous ces acteurs : égo surdimensionné, volonté d'écraser le collègue, petitesse d'esprit, manque de hauteur de vue. On peut d'ailleurs se demander jusqu'à quel point les intéressés ont apprécié de devoir jouer des personnages leur ressemblant aussi peu sympathiques.
Dupieux parsème son film d'à peu près toutes les questions qui peuvent traverser le cinéma d'aujourd'hui : metoo (avec une des scènes les plus ridicules du film), homophobie, cancel culture, irruption de l'IA. Mais chacun de ces sujets n'est que grossièrement survolé. Il s'amuse avec un certain snobisme, par exemple en pratiquant un name-dropping de happy few (Tarantino, Paul Thomas Anderson).
L'inconnu du film, Manuel Guillot, est cantonné dans un seul type de scène et ne mérite pas les louanges que j'ai lu ici où là.
En résumé, un Dupieux plus que dispensable qui a pour lui sa grande brièveté et l'aspect chatoyant de certains dialogues, très autocentré, à l'image de ce dernier plan montrant les rails du très long travelling ouvrant le film.