C'est un peu paradoxal : il y a à la fois l'envie que Dupieux ne change pas tout en nous étonnant, en dépit de son statut de cinéaste à la mode, et en même temps l'espoir, jamais concrétisé, qu'il ose un scénario plus touffu, dans un long-métrage qui durerait, allez, soyons fous, au moins deux heures. Pour l'heure, il faut se contenter de ce souvent très inspiré Le deuxième acte, mise en abyme qui offre de beaux moments de jubilation, faite de situations absurdes et de dialogues irrésistibles, dans un esprit ludique et néanmoins piquant quant à l'air du temps, les rapports hommes/femmes, l'intelligence artificielle, la place du cinéma, etc. Faux et usage de faux, Dupieux s'amuse entre différentes strates de fiction, au nez et à la barbe d'un spectateur qui se réjouit, tout en sachant qu'après la projection, il ne restera pas tant de souvenirs que cela d'un tel film, peut-être moins que dans le cinéma de Blier, par exemple, auquel Le deuxième acte fait largement penser. Mais bon, il y a le bonheur de voir des acteurs étourdissants dans ce "plan à quatre" où un cinquième larron, moins connu que Lindon, Quenard, Seydoux et Garrel, vient leur voler la vedette. Manuel Guillot, son nom mérite d'être retenu, brille au côté de ses illustres compagnons de jeu.