Encore un nouveau coming-age-movie féminin me direz-vous. Et il est vrai que ce type de films qui s’apparente à un cocktail - différemment dosé selon les propositions - de comédie, de film sentimental, de récit initiatique, de feel-good movie ou encore de drame et qui met en scène souvent des jeunes filles entre la période adolescente et l’âge adulte a pullulé sur les écrans ces dernières années au risque de la lassitude et même de la saturation. Remarqué à Sundance, « Mon futur moi » (en lieu et place du titre original bien plus cocasse « My old ass » ou « Mon vieux cul ») sort du lot et nous a clairement conquis sur bien des aspects. Il part d’un principe simple lorgnant sur le fantastique comique à concept du type « Freaky Friday » où une mère et sa fille échangent leurs corps ou « Échange standard » ou deux amis subissent la même chose suite à des raisons improbables et finalement peu importantes. Ici, c’est le personnage principal qui va rencontrer sa version plus âgée suite à l’ingestion de champignons hallucinogènes et qui peut ensuite continuer à dialoguer avec elle par téléphone. Il ne faut jamais chercher une quelconque logique ou un réalisme là-dedans mais ces délires proches de la science-fiction du type voyage dans le temps, switches corporels ou téléportation permettent souvent des réflexions plus ou moins poussées sur certains sujets et occasionnent rires, larmes, suspense ou tout cela à la fois. Et de tremper cette astuce de scénario au sein du scénario d’un banal coming-age-movie permet ici de belles réflexions sur nos aspirations de jeunesse, les regrets, le temps qui passe ou encore le fossé entre ce que l’on souhaite devenir et ce que l’on devient vraiment. Et jamais de manière caricaturale ou avec plein de clichés mais, au contraire, avec une justesse admirable.
« Mon futur moi » peut aussi compter sur la prestation enjouée et pleine de charme de ces deux actrices principales. D’un côté, Maisy Stella est une révélation que l’on devrait (et voudrait) revoir au plus vite. Avec des airs de Rachel McAdams jeune, elle irradie l’écran de son naturel de son jeu plein de nuances. En face, en version plus âgée, la trop rare et tellement géniale mais sous-employée Aubrey Plaza est tout aussi excellente et en l’espace de seulement trois mais longues séquences, elle impacte le film de sa présence singulière et nous fait même verser quelques larmes inattendues lors du final. Tout ici est joli mais pas niais et se pare d’un discours à la fois percutant et important mais jamais édicté sur un ton moralisateur. Le cadre de la campagne ontarienne et de cette ferme au bord d’un lac est bucolique et dépaysant au possible et l’histoire d’amour n’est jamais fleur bleue mais douce, belle et fait palpiter les cœurs. En revanche, « Mon futur moi » est profondément inscrit dans les carcans de l’idéologie woke à la mode en ce moment (personnage principal gay, meilleure amie racisée, frère non binaire et éloge de l’inclusivité) mais cela est très bien fait ici, jamais versé dans une propagande malsaine et c’est assez rare pour le noter. Si tous les films adoptaient ce type de wokisme modéré et juste, comme c’était le cas de ce courant à la base, le monde s’en porterait probablement mieux. Voilà donc un charmant petit film, à la fois intelligent et original, dont toutes les petites touches nous emportent sans forcer et nous font passer un moment bien sympathique.
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