Norah est de ces films qu'on aurait voulu aimer davantage, sans doute parce le romanesque espéré, accolé au fréquent récit d'émancipation féminine, reste un peu timide, à notre goût, qui est forcément un peu trop occidental pour entendre mieux et davantage le message passé dans un film situé au milieu des années 90, dans un village perdu du désert saoudien. Pour autant, même avec le léger voile de déception qui le recouvre, Norah raconte une belle histoire, avec une grande délicatesse, avec pour personnages principaux un instituteur, également artiste, et une jeune fille qui ose rêver plus grand, dans un monde d'hommes où son avenir semble tout tracé. Il y ainsi de jolis moments dans le film, pudiques et gracieux, et une belle mise en perspective de somptueux paysages, dont la beauté est aussi synonyme de solitude, à l'image de ce que vit son héroïne. Mais hormis ses deux protagonistes principaux, le premier long métrage de Tawfik Alzaldi a plus de mal à caractériser ses autres personnages, si ce n'est dans leurs aspects les plus attendues.
A ce titre, l'épicier, qui est une sorte de lien entre le village et la ville, entre la tradition et la modernité, pour le dire autrement, aurait bien mérité d'être un tantinet plus développé.