Adaptation d’une série télé que je connais pas, j’ai visionné ce film de façon neutre, sans point de comparaison. J’ai personnellement bien apprécié, même si le film commence très fort et tend à se déliter au fil du métrage. Clairement, on rentre dans le vif direct, avec le point de départ violent du film, puis la présentation du héros qui se pose en 3 punchline totalement dingues et un sex appeal à faire passer James Bond pour un moine bouddhiste ! C’est du hard boiled tellement hard boiled que s’en est semi-parodique, et évidemment, c’était un peu le but ! Pendant une bonne trentaine de minutes, le film embraye bien. Le rythme est solide, Craig Stevens est convaincant (un peu âgé, mais c’était l’époque des héros séducteurs d’âge mûr, donc rien de surprenant pour l’époque) et il est entouré d’un casting de solides seconds couteaux (notamment J. Pat O’Malley et Edward Asner, lequel a un faux air d’Al Capone je trouve !). Les répliques punchlines s’enchainent, c’est sexy, c’est mis en musique par un excellent Mancini, le seul vrai défaut qui saute déjà aux yeux c’est une photographie vraiment vilaine, hyper sombre parfois, et souvent très pâlichonne dès qu’il y a de l’éclairage. C’est pas du technicolor qui pète et ça sent le petit budget ! Côté scénario, le film pose les prémices d’une enquête de détective privé assez classique mais prometteuse.
Puis, petit à petit, le film se délite. Le scénario, prometteur, commence à devenir un peu alambiqué et l’on finit par ne plus trop savoir comment le héros obtient tel ou tel info, se rend à tel ou tel endroit, et l’on arrive même à la révélation finale de façon abrupte (quoiqu’intéressante). Le rythme aussi perd en dynamique, notamment à cause de la présence du personnage de Sherry Jackson qui sert essentiellement à des scènes vaudevillesques et comiques et à un épilogue assez prétexte et ridicule. L’actrice obtient le rôle d’une charmante idiote, et ça fait un peu de peine car ce personnage n’a vraiment aucune utilité et plombe un peu le métrage malgré son charme. On sent que ça ronronne davantage, et probablement que la raison en est que le film doit tenir 90 mn, et non la durée d’un épisode de série, et qu’en partant sur les chapeaux de roue, le film se retrouve un peu à sec à mi-course.
Globalement, le métrage profite tout de même d’une honnête réalisation et l’on retrouve les obsessions du réalisateur (entre autres représentations de la fête, travestissement, comique vaudevillesque…) qui parvient à créer une certaine ambiance très ancrée dans son époque. Bien mis en musique (le thème principal rappelle d’ailleurs La Panthère rose), convenablement interprété, on ne peut pas dire que ce soit un mauvais moment de cinéma, mais il y a beaucoup de promesses qui ne sont quand même pas tenues. Je partais vraiment pour mettre une excellente note, puis petit à petit, je l’ai revu à la baisse au fur et à mesure que mes espoirs s’avéraient déçus, et qu’il ne me restait, en définitive, qu’une sympathique série B au charme rétro, mais guère plus. 3