Les Valseuses est donc le film le plus connu de Bertrand Blier, film par lequel je conclue donc ma rétrospective sur le réalisateur, et qui s’avère en effet un bon film, même si décidemment Beau-père restera bien mon Blier préféré.
Les Valseuses c’est une saisie crue, directe, parfois cocasse d’une époque, et de certaines gens évoluant aux marges. L’histoire est d’une narration assez fluide pour un Blier, et on se retrouve en fait dans une sorte de road-movie excentrique, peuplé de personnages tous plus bizarres les uns que les autres, parfois attachants, parfois repoussants. C’est alerte, c’est indéniablement curieux, et il faut avouer que Blier trouve le juste équilibre avec une narration qui n’est pas foncièrement linéaire, avec de vraies ellipses, mais qui n’a pas non plus le côté outrageusement tarabiscoté de ses réalisations plus tardives. Pour ma part l’histoire m’a séduit par son côté jusqu’au-boutiste et cru, qui s’avère, par bien des aspects, tristement réel. Et encore, je ne doute pas qu’il y a pire !
Le casting est un point fort, et je peux clairement réaffirmer que les meilleurs Blier sont ceux avec Dewaere. Ici l’acteur est toujours aussi top, épaulé par un Gérard Depardieu avec lequel il forme une complicité appréciable. Je reste cependant sur mon idée que le jeu de Dewaere est mieux adapté au cinéma de Blier. Ce duo est épaulé par une Miou-Miou radieuse et touchante, avec un joli rôle féminin. Quant aux seconds rôles ils sont surtout très excentriques, bizarres, parfois caricaturaux, mais bien campés, et le côté jusqu’au-boutiste de Blier nous offre quelques scènes assez délirantes (celle avec Brigitte Fossey par exemple). Beau casting donc, et des personnages décapants, même encore aujourd’hui dans le paysage cinématographique, donc rien à redire.
Formellement Blier nous livre un film qui s’apparente à un road-movie où s’entrecroisent les ambiances, de la tristesse urbaine aux lieux de vacances. La ville, comme souvent chez Blier n’est pas gai, et il y a un vrai travail sur les atmosphères grâce à la photographie et aux choix des décors. La mise en scène est un peu racoleuse peut-être, mais cela sied finalement à la tonalité radicale et tranchée du film, qui nous offre aussi son lot de scènes érotiques et de crudité. Il faut le savoir. La bande son est belle, mais finalement je rejoindrai un peu le réalisateur lui-même qui a critiqué la bande son, le souci c’est que ça ne colle pas forcément très bien à la tonalité du film, et aux images.
Les Valseuses est donc un film irrévérencieux, qui saisit bien les aléas de la société du temps. Au-delà de cela, c’est un film qui a sa personnalité, et qui s’appuyant sur de solide acteur propose un road-movie original et cru où Blier n’a pas encore cédé à la fureur du n’importe quoi qui se révélera dans son monstrueusement nul Calmos. Je donne 4.