Un film qui sait écrire la jeunesse, c'est suffisamment rare pour être remarquable. Et ici, c'est remarquablement fait.
Bis repetita est une comédie intelligente, fine et rafraîchissante. Loin des lourdeurs des bonnes grosses comédies commerciales, c'est la vision personnelle des autrices qui se fait sentir, leur regard d'amour sur leur époque, et notamment sur les plus jeunes. La classe est brillante, non dans son niveau scolaire mais dans la qualité de sa représentation des ados des années 2020, incarnant tout.e.s. un archétype différent, et réaliste. Leurs dialogues sont bien écrits, aussi percutants que subtils, les comédien.ne.s les incarnent bien, avec un jeu naturel ; on sent qu'ils appartiennent à cette génération, et ça donne au film un goût de vérité.
La structure du scénario, alliée à son concept, sont suffisamment efficaces pour renouveler l'intérêt des spectateur.ices. tout au long du film.
Combien a-t-on vu, récemment, de comédies écrites par des boomers qui veulent faire "jeune" en répétant bêtement des expressions, sans chercher à en comprendre la psychologie, et dont la tentative de premier pas vers la nouvelle génération se solde par une moquerie dans une représentation clichée. Le gag n'étant pas la phrase, l'esprit, la situation, mais le personnage en soi, ramassis d'incompréhensions de la part d'auteurs qui tentent de raconter ce qu'ils n'ont pas cherché à comprendre plus que ça, terrifiés de faire face à un monde qui leur échappe. S'ils dépassaient leur peur, ils comprendraient sûrement que la forme a changé, que la société a changé, mais que les gens, pas tant que ça. Bis repetita est aux antipodes de cette peur.
On manque de comédies comme celle-là, qui plongent dans le présent, qui savent porter un regard bienveillant, jamais moqueur, sur une variété de personnages qui osent être représentés, sans tomber dans le cliché, tout en étant sincèrement drôles. On hésite pas à appuyer le trait, car on est en comédie, mais on ira jamais pousser le bouchon trop loin, jamais de "T'AS COMPRIS LA VANNE ?".
Et à la fin, on s'attache à cette classe, pas dans une tentative de tragi-comédie moralisatrice à base de "J'étais une prof ratée, mais finalement, je vous aime bien", mais parce qu'il n'y a pas de morale. Aller chercher ce qui fait que la gen Z est la gen Z n'a pas pour but de nous donner une leçon sur ce que devrait être un bon ado, ou une bonne prof, mais juste de montrer une époque, avec le regard de quelqu'un qui vient de cette époque. On prend au sérieux les personnages et les représentations, mais en traitant l'ensemble avec légèreté. Et ça marche très bien.
Que ce soit Bis repetita, la série d'animation "Samuel", Anatomie d'une Chute ou l'Innocence de Kore-Eda, on a eu, cette année, droit à des œuvres qui ont appris à écrire des jeunes, à retrouver cette spontanéité, cette affirmation de soi mêlée à ce je-m'en-foutisme, et embrasser la modernité plutôt que la fuir en la regardant de haut. Ici, ça la regarde de l'intérieur. Et ça fait du bien.
Notons aussi une très bonne direction d'acteur.ices, que ce soit chez les principaux ou chez les secondaires, chacun.e. sait incarner son personnage et sa psychologie, travailler ses expressions et son corps pour nous offrir ce résultat riche, qui, à chaque plan, sait proposer la subtilité qui va nous décrocher le rire.
Bis repetita, c'est bien écrit, c'est drôle, et c'est très prometteur.