Franck Dubosc s'éloigne (un peu) de son registre et on ne peut que le saluer, surtout lorsque le résultat est plutôt pas mal. Enfin... J'ai quand même pas mal de réserves. Le scénario a des failles importantes et le montage aurait clairement pu être plus rigoureux, l'impression d'ensemble restant assez inégale. C'est que l'ami Franck se sent, comme toujours, obligé d'ajouter une grosse cuillère d'humour pas franchement léger, crispant d'autant plus qu'elle n'apporte pas grand-chose à l'intrigue. On sent donc que tout n'est pas maîtrisé 110 minutes durant, qu'un récit plus resserré sur quelques éléments centraux auraient sans doute été préférable. Au final, l'acteur-réalisateur n'apporte rien au sujet lui-même, déjà notamment abordé dans « Un Plan simple » et indirectement dans « Fargo ».
Mais ce n'est pas pour autant qu'il est interdit d'y prendre un certain loisir, loin de là. Car surprenant : Dubosc réussit finalement mieux le côté polar que comédie, progressant dans la réalisation, assez tenue et non sans quelques bonnes idées, y compris dans l'histoire. Surtout, son attachement aux personnages est évident, prenant autant soin de l'écriture des dialogues qu'à l'importance de chacun dans le développement du récit. Et l'on a même droit à une petite réflexion sociale, sur les difficultés financières, la solitude, les problèmes de couple, tous traités plutôt correctement, laissant même sous-entendre
qu'être « partners in crime » peut être bénéfique à ces derniers lors d'une dernière scène curieusement romantique
... Comédiens globalement dans leur zone de confort mais plutôt convaincants, Benoît Poelvoorde et la si sous-estimée Joséphine de Meaux en tête, Franck Dubosc apparaissant étonnamment comme le plus en retrait, même si cela peut se justifier par son personnage.
Du bon et du moins bon, donc, dans cet « Ours dans le Jura » sous influence frères Coen (des débuts), non sans la même réussite ni talent, mais pouvant faire valoir quelques solides arguments pour s'y laisser tenter.