Avec La Charge Fantastique (un de ces titres passe-partout de la traduction française, pour "They died with their boots on"), Raoul Walsh livre un portrait presque hagiographique d’une légende de l’ouest Américain, le Général Custer. En effet, on est bien loin de la vision de Penn sur ce personnage donnée dans Little Big Man ; mais vingt-huit ans séparent les deux films, le premier réalisé pendant la seconde guerre mondiale, le second en pleine guerre du Vietnam, temps des désillusions. En 1941, il est donc encore permis "d’imprimer la légende", comme le dit Ford, plutôt que les faits réels. Si bien que La Charge Fantastique est un haut concentré d’aventures glorieuses, de combats héroïques, de morts pour la patrie et de courage surhumain. Le film est d'une incroyable densité qui mène à un rythme fou. Walsh commence par de la comédie et finit par un drame, en passant par la romance ; du côté des codes du western, tout y est : cavalerie, guerre de Sécession, guerres Indiennes, ruée vers l’Or… Du grand spectacle pur jus, pas toujours très subtil, souvent improbable – surtout si on ajoute le jeu théâtrale de Flynn – mais qu’importe, on ne peut s’empêcher d’être entraîné par tous ces rebondissements. Face à ce script épais et épique (2h20 au final), la mise en scène se fait parfois discrète, et le génie du réalisateur apparaît par intermittence. De nombreuses scènes de combat sont passées à la moulinette au profit des personnages et de l’évolution de Custer. Néanmoins, au risque de me répéter, le rythme ténu auquel se succèdent les péripétie suffit à nous satisfaire, et La Charge Fantastique donnerait presque envie de s'engager immédiatement dans l'armée !