Brazza est une gigantesque zone en friche aux abords de Bordeaux. Elle vit ses dernières heures alors qu’un vaste projet immobilier (dont la construction s’échelonnera sur une décennie) doit démarrer incessamment sous peu.
Le projet prévoit le développement de 4800 logements sur 53 hectares (!) et réunira 9 000 habitants et 5 000 emplois (à terme), tout en participant à la dépollution et à la renaturation d’un site initialement composé pour partie de friches industrielles, pour un coût total avoisinant les 220 millions d’€uros.
Après son voyage hallucinant dans la Chine d’aujourd’hui avec Sud eau nord déplacer (2014), Antoine Boutet s’intéresse à sa ville natale, Bordeaux et dresse le portrait d’un territoire en mutation, un impressionnant projet d’aménagement urbain, hors norme, comme on en voit peu en France (de part sa taille). Le réalisateur a filmé cette friche industrielle au fil des saisons pendant 5 longues années où tous les six mois, il allait prendre le pouls du chantier, les phases préparatoires, les premiers coups de pelleteuses, les expulsions, la première pierre, les premiers habitants…
Brazza a longtemps été une verrue devant la Garonne et le pont Chaban-Delmas, avec ses bâtiments en ruine (où s’y organisaient des rave party), ses pavillons abandonnés où avaient trouvé refuge des SDF et non loin de là, son bidonville de roms, il était grand temps que Brazza se gentrifie, certes, mais à quel prix ?
Pour mettre en lumière ce chantier, Antoine Boutet s’est lancé dans un tournage au long cours dont la mise en scène ne laisse pas indifférent. En effet, pendant près de 90min, le film enchaîne de façon métronomique une mise en scène répétitive qui peut parfois finir par lasser. Les pano horizontaux alternent avec des plans fixes, le son est volontairement retravaillé et il n’y a quasiment aucun dialogue.
Si le travail sur la mise en scène peut dans un premier temps séduire, à la longue et à force de répétition, tout cela devient assez vain, dommage.
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