Votre avis sur La Fabrique du mensonge ?
2,5
Publiée le 27 décembre 2024
En Allemagne, le titre du film de Joachim Lang, Führer une Verführer, joue habilement sur les mots, le deuxième terme signifiant séducteur, spoiler: applicable au sinistre Josef Goebbels, ministre de la propagande, comme nul ne l'ignore, sorte de dircom de la barbarie, au temps du 3ème Reich.
La fabrique du mensonge, titre français à l'heure où ces lignes sont écrites, a l'objectif de nous montrer ses méthodes de manipulation des foules, à base de fausses informations, de discours enflammés et de films de divertissement, entre autres, mais la promesse n'est qu'à moitié tenue, dans le sens où l'on n'apprend presque rien, malgré un mélange malin de fiction et d'archives. Le film s'étend sur une longue période, de 1938 à 1945, ce qui a pour conséquence immédiate de donner l'impression de survol de la deuxième guerre mondiale, sans aucun approfondissement. La fabrique du mensonge s'attache également à la vie privée de son personnage central, dans l'évidente ambition de "l'humaniser", c'est à dire de le montrer non comme un monstre mais comme un homme qui a participé à des choses monstrueuses, et la remarque vaut aussi pour son chef, que l'on a rarement vu au cinéma aussi peu agité et presque "normal". Tout ceci pose évidemment question quant à la valeur du long-métrage, qui a clairement l'aspiration de parler aussi du monde d'aujourd'hui, en partant de l'idée que ce qui est arrivé hier pourrait se reproduire demain. L'été dernier, le film a divisé l'opinion allemande et n'a pas reçu la recommandation de Vision Kino pour être diffusé dans les écoles, contrairement à La zone d'intérêt, par exemple. Qu'en conclure ? Que ceux qui ont de l'intérêt pour le sujet doivent se garder de tout a priori et ne pourront se forger une opinion qu'après avoir vu le long métrage. Et que la discussion pourra alors être ouverte.
2,0
Publiée le 19 janvier 2025
Plus qu'un biopic sur le ministre de la propagande d'Hitler, Joseph Goebbels, Joachim Lang tente de nous faire vivre les coulisses de la machine médiatique du Troisième Reich dans un mélange de fiction et de documentaire puisque de nombreuses images d'archive sont intégrées et certaines reproduites. On découvre un homme qui comprend qu'il s'agit aussi d'une guerre d'images qu'il veut contrôler à coup de vérités arrangées et de mises en scène. Le présent compte, mais il évoque aussi ce qui sera raconté et montré dans cent ans. Malgré une prémisse intéressante, j'ai trouvé ce film très plat. Ça commence par l'interprétation forcée de Robert Stadlober, puis ce traitement scolaire ou encore cette reproduction d'époque théâtrale peu convaincante. Pour le coup, tout ce qui concerne l'endoctrinement et la propagande n'est pas traité de manière convaincante. Bref, c'est bancal et très loin d'être à la hauteur de la promesse du début... Il y avait mieux à faire.
2,5
Publiée le 22 février 2025
La fabrique du mensonge est un film allemand et biopic sur Joseph Goebbels
 Le film commence assez mal avec un long texte moralisateur et inutile, spoiler: qui justifie le fait de faire un film du point de vue d’un nazi sans bien sûr en épouser l’idéologie (on s’en doutait)
, et nous sert le couplet habituel sur le fait de ne pas reproduire les erreurs du passé et cetera
Une première scène d’intro assez réussit spoiler: dans le bunker en 1945 où sont retranchés les derniers fidèles
annonce le postulat intéressant du film comment se fait-il qu’on ne connaisse pas les propagandistes de Churchill, Roosevelt ou Staline mais que Goebbels soit ainsi entré dans la postérité. Le film commence pour de bon et en 1938, ce qui est assez dommage parce que l’on va se concentrer sur la propagande de guerre et la partie la plus connue de la vie de Goebbels et non sur son ascension et la fabrique de l’image d’Hitler avant et après la prise de pouvoir.
Le titre français est assez trompeur par rapport au titre allemand Der Führer und Verführer puisqu’on s’intéresse plus à la relation Hitler-Goebbels qu’à la fabrique et la conception des images et des mythes propagandistes. Les parties les plus intéressantes sont d’ailleurs celles où Goebbels et ses équipes trafiquent, mettent en scène, truquent les images et films de propagande. Les autres parties intéressantes sont la vie de cour qui règne autour d’Hitler et les luttes d’influence aussi savoureuses que ridicules de ses fidèles qui se détestent : spoiler: notamment les repas où le placement indique le degré d’approbation du moment dans la hiérarchie du führer.

Pour le reste c’est assez peu passionnant on a le droit à un catalogue des évènements de la guerre vus par les Hitler et Goebbels, le manque de moyens oblige le film à mixer prises de vue et images d’archive pour toutes les scènes extérieures. Le mix très présent d'image d'archives et de prises de vue donne un côté plus docu-fiction ou téléfilm que film de cinéma.
On suit aussi la vie plus intime du ministre sa relation avec sa femme et sa vie tumultueuse hors mariage.
L’acteur principal s’en donne à cœur joie dans son personnage cabotin et superlatif, de même que l’actrice de sa femme Magda, pour les autres c’est assez peu mémorable, les comédiens et leurs maquillages sont très peu ressemblants ce qui a tendance à gêner le spectateur (la palme revient à Himmler).
Enfin film allemand oblige, on a le droit à un lourd discours moral (merci le spectateur n’est pas idiot et n’éprouve pas de sympathie envers Goebbels ou quelque autre chef nazi) qui explique d’entrée que tous les allemands ont marchés dans la machine nazie et sa propagande spoiler: et puis images des camps (encore une fois le spectateur n’est pas un abruti et se doute bien que quand les personnages parlent d’extermination ou de solution finale ils parlent des camps de la mort, pas besoin d’insérer des images d’archive des camps) et témoignage d’ancienne déportée à la fin du film.
2,5
Publiée le 19 février 2025
Les films sur la Seconde Guerre mondiale sont légion ; mais rares sont ceux qui choisissent de se focaliser sur les chefs nazis. "La Chute" (2004), sur les derniers jours d’Hitler dans le bunker de Berlin, fait exception ; l’interprétation de Bruno Ganz a durablement marqué les esprits.

Joachim A. Lang a choisi de s’intéresser à Joseph Goebbels, le ministre de la propagande du Reich. Le titre original allemand est particulièrement intelligent : "Führer und Verführer", qui, jouant sur la paronymie, signifie « Le Führer et le séducteur ». À l’international, le film est diffusé sous le titre « Goebbels and the Führer ». Le titre français est moins immédiatement compréhensible qui renvoie à un sujet d’une brûlante actualité : la propagande, la fabrication de fausses nouvelles et la manière dont un régime autoritaire utilise l’information pour manipuler l’opinion publique.

Ce constant rappel de l’actualité du sujet – la célèbre citation de Primo Levi « C’est arrivé et tout cela peut arriver de nouveau » est martelée au début et à la fin du film pour nous rentrer dans la tête – n’est pas la dimension la plus pertinente de ce film. Comme si la Seconde Guerre mondiale et les délires du régime nazi ne se suffisaient pas à eux seuls pour nourrir la mouture d’un film.

Pour l’historien, comme pour le cinéphile, est autrement plus intéressante la description de la garde rapprochée du Führer, aveuglément fidèle à son chef, mais divisée par de sourdes rivalités. Dans cet aréopage exclusivement masculin, Joseph Goebbels est un personnage à part. Affligé d’une maladie osseuse qui le privera de l’usage de son pied droit, il est réformé en 1914 et ne peut se parer, comme Goering, son ennemi intime, du titre d’ancien combattant. De petite taille (il mesure 1m65 à peine), il est bien loin des canons de beauté de la race aryenne. Rallié de la première heure au NSDAP, il a en charge la propagande qu’il manie avec une maîtrise éprouvée pour permettre l’accession de Hitler au pouvoir en 1933 puis le durcissement de la dictature.

"La Fabrique du mensonge" puise dans une documentation abondante, notamment dans le Journal de Goebbels. Il fait alterner des images de fiction et des images d’archives – telles que le fameux discours de 1943 au palais des sports de Berlin.

Contrairement à l’idée qu’on pouvait s’en faire, Goebbels n’a pas été toujours en accord avec Hitler. Le film montre par exemple ses réticences au bellicisme à tout crin du Führer à partir de 1938, le ministre de la Propagande ayant bien senti que l’opinion publique allemande y était réticente. Mais la dévotion au Führer pour lequel Goebbels nourrissait un amour quasi-filial finissait toujours par l’emporter.

On découvre aussi le couple qu’il formait avec Magda, érigé en modèle dans l’Allemagne nazie, avec leurs six enfants adorables. Il a en fait connu bien des déboires. Goebbels a bien failli divorcer en 1938 pour épouser une actrice tchèque, Lída Baarová, mais en a été empêché par Hitler lui-même. La scène est presque comique qui voit le Führer, en plein préparatifs de guerre, devoir intercéder entre Joseph et Magda fermement décidés à se séparer. Et la figure de Magda, réduite à cause des conditions de son suicide, à une nazie chevronnée et une mère sacrificielle, apparaît autrement plus complexe dans le film.

"La Fabrique du mensonge" n’atteint pas son double but affiché : nous expliquer comment l’information est manipulée et nous prémunir contre le risque de bégaiement de l’Histoire. Mais il réussit fort bien à décrire l’une des figures les plus célèbres mais aussi les moins connues de l’entourage d’Hitler.
2,5
Publiée le 4 mars 2025
Les longs-métrages historiques allemands ont ce défaut récurrent de ne pas avoir les moyens de leurs ambitions. Et La Fabrique du Mensonge ne déroge pas à la règle. Sortir les costumes nazis des placards est une chose, mais réaliser des reconstitutions crédibles de toute cette époque en est une autre. Le réalisateur Fritz Lang use d’artifices pour masquer son manque de figurants et de décors crédibles, mais c’est souvent fait de manière bien maladroite. Le plus malin de sa part est d’utiliser, par moments, tout simplement, de réelles images d’archives de ce qu’il veut nous présenter. Mais le défaut majeur du film reste la prestation très décevante de Fritz Karl dans le rôle d’Adolf Hitler. Le célèbre dictateur a maintes fois été incarné sur grand écran, mais rarement de manière aussi peu crédible et maladroite. Heureusement, ce n’est pas le personnage principal du récit, mais cela fait quand même tâche, car à chacune de ses apparitions la tension retombe d’un cran alors que cela aurait dû être le contraire. Le premier rôle, celui de Joseph Goebbels, est incarné avec beaucoup plus de talent par l’acteur autrichien Robert Stadlober. Mais le scénario n’offre pas au comédien la possibilité de nous montrer grand-chose sur la personnalité profonde du célèbre ministre de la propagande nazie. Trop superficiel sur la description du monstre Goebbels, le film l’ait aussi étonnamment sur la fameuse fabrique du mensonge. On survole trop légèrement le rôle des longs-métrages, des actualités cinématographiques et de la presse dans cette propagande massive. Tout au plus a-t-on le droit à la reproduction de quelques discours iconiques du tribun, mais le sujet de la production de la désinformation de masse reste obscur.
2,5
Publiée le 4 mars 2025
Un faux biopic au sujet passionnant (les mécanismes de la propagande, où comment transformer le mensonge en vérité, et la manipulation des masses qui en résulte), faisant se confondre fiction et réalité, et raisonnant d'autant plus en ces temps troubles.

Il est dommage que cela soit traité au sein d'un film assez bancal, manquant d'incarnation au niveau formel et trop souvent didactique et redondant au niveau narratif. Reste quelques images bien réelles qui font froid dans le dos.

Je vous recommanderai bien plus le très bon documentaire sur Leni Riefenstahl, sorti l'année dernière. 5,5/10.
2,0
Publiée le 23 février 2025
Film réalisé en forme de « Mea Culpa » par le réalisateur allemand Joachim Lang au nom du peuple allemand qui s’est si facilement laissé manipulé et aveuglé par le directeur de propagande d’Adolf Hitler à la fin des années 30’. Problème : les acteurs choisis ressemblent physiquement tellement peu aux personnages originaux historiques qu’on accroche d’autant moins que leur jeu est franchement faible. Bref : le film est décevant.
2,5
Publiée le 22 février 2025
En soi, le projet est louable. Surtout venant du cinéma allemand. Cependant, le spectateur reste sur sa faim. Tout d'abord car les mécanismes de la propagande nazie ne sont pas étudiés. Le scénario est superficiel, et ne traite que de la relation Goebbels vc pouvoir. Qu'en est-il de la technique de manipulation des masses ? Deuxièmement, parce qu'au fond, il y a un arrière-goût désagréable comme si le projet voulait exempter les mêmes masses de toute conscience. Elles auraient été aliénées. Quant à la forme, elle est imapfaite: le jeu des acteurs, aux sourires et grimaces forcés. Les décors sommaires.
2,0
Publiée le 15 mars 2025
Bien que le film soit très (trop?) didactique j'ai ressenti un manque d'originalité, de recul, de profondeur et d'analyse. Le ton du film est neutre de bout en bout comme si le réalisateur ne se prononçait pas. A aucun moment le chef de la propagande nazi n'apparaît dans la noirceur et la monstruosité dont le discours et les actes témoignent. Il en ressort plutôt l'image d'un 'monsieur tout le monde' fasciné par plus fou que lui.. Pour ces raisons avoir fait d' un personnage aussi sinistre de l'histoire le rôle principal d'un film me paraît rester problématique... On est proche du docu-fiction en fait. l'intérêt cinématographique ou même du point de vue moral sont selon questionnables.
Matthieu D

3 critiques

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2,0
Publiée le 2 mars 2025
L'acteur principal traverse l'écran avec un sourire benêt les 20 premières minutes. Pourquoi ?
Les acteurs flottent dans des rôles bien trop grands pour eux, à l'image des costumes qu'on leur fait porter...
Comment peut on faire quelque chose d'aussi pauvre avec une histoire aussi riche, aussi lourde ... ?
Mystère.. Enfin, ridicule plutot...
2,0
Publiée le 23 mars 2025
"La Fabrique du mensonge" aborde un sujet brûlant, essentiel, qui résonne fortement avec notre époque. L’attente était grande… et elle est à la hauteur de la déception. Difficile de critiquer un film qui traite d’un thème aussi important, mais encore plus de lui pardonner de passer à côté. Si l’ensemble reste pédagogique et plutôt bien documenté, le film ne parvient jamais à trouver une narration claire. Il hésite constamment entre biopic et documentaire, sans jamais vraiment choisir. En ressort un ensemble brouillon, qui se perd dans son propre sujet. On sort de la salle avec plus de questions que de réponses, et surtout avec ce sentiment frustrant de ne pas avoir saisi le cœur du mécanisme qu’il prétend décrypter.
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