Non. Le tribunal, la justice des hommes n'est pas l'objet réel de ce film. C'est tout une vie de couple qui est mise en jeu, pourtant un couple heureux qui ne manque de rien. Les doutes, les interrogation naturelles d'un couple parfaitement heureux (heu..bien que sans enfants) couple en proie soudainement aux aléas de la vie. Juste quelques péripéties, à priori sans aucunes conséquences, la proximité d'un mort. Excepté que c''est justement la faiblesse du couple qui revient faire sa propre justice quelques années plus tard alors que tout est au beau fixe. Et celle-ci est implacable, injuste, vindicative, celle qui vous poursuit inlassablement. Très injustement, alors que la 1ère justice des hommes s'était pourtant montrée raisonnable, avec des règles abordables. 6 ans après ce couple explose littéralement au point de manier le rasoir, la falaise et le précipice, la baignoire électrique. (Mr Et Mme Smith ? Qui va y passer ?).La 1ére partie du film est presque grotesque dans sa mise en place, ennuyeuse, exagérée, pesante tant le noir est blanc, la voix grave de gary est sinistre, austère. Et soudain ! une course poursuite démarre, le suspense hitchcockien pur et dur arrive, l'intrigue rebondit sans cesse : qui est le coupable, qui est réellement ce mari , que s'est-il passé il y a 6 ans à l'instant de ce meurtre, pourquoi le mari s'est-il enrichi, quel est le rôle de son nouvel associé opportuniste qui vient relancer et tourmenter l'épouse en l'absence du mari, va-t-elle tenir le choc et se suicider, où bien va-t-on ...la suicider ? Un très beau suspense dans une très grande veine qui utilise toutes les techniques et rebondissements d'Hitchcock (y compris la musique angoissante, le grand maître est omniprésent), un final réussi, et au bout du compte une simple histoire sentimentale, une très belle histoire d'amour presque conventionnelle, s'il n'y avait eu cette faille dans leur couple. Comment résister à cette longue montée de l'intensité des évènement qui se bousculent, des sentiments qui s'agitent sous la curiosité de savoir qui est réellement l'autre, celui que l'on croit connaître ? Ce n'est pas la lame de l'assassin qui est nue, mais c'est ce qui en découle: c'est le coeur, notre doute qui est à nu, pour ne pas dire 'à vif'.