Des Jours Meilleurs a été présenté en compétition officielle au Festival du Film de comédie de l’Alpe d’Huez, en janvier 2025.
Des Jours Meilleurs est venu d’une nécessité de la part des deux réalisateurs, Elsa Bennett et Hippolyte Dard, d’aborder le tabou qu’est encore l’alcoolisme au féminin. Ayant été touchés tous les deux dans leur entourage proche par cette addiction, ils ont décidé d’en faire le sujet principal de leur film, d’autant que, contrairement à l’alcoolisme chez les hommes, celui des femmes a été rarement abordé au cinéma.
En amont du tournage, Elsa Bennett et Hippolyte Dard ont recueilli le témoignage de Laurence Cottet, une ancienne alcoolique qui médiatise au maximum son ancienne addiction. Elle leur a permis de rencontrer d’autres femmes victimes de ce mal. Ils ont ainsi, à travers ce film, voulu rompre la solitude de ces personnes puisque, contrairement à la drogue par exemple, l’alcool est légal et est présent partout dans notre société.
Il était essentiel pour les réalisateurs, dans leur co-écriture avec Louis-Julien Petit, d’inclure des situations de comédie dans le drame, afin de donner de "l’oxygène au récit". Selon eux, la comédie a une dimension cathartique qui permet de faire passer certains messages, surtout aux familles des malades. En outre, ils ont recueilli des témoignages dans lesquels certaines femmes abordaient avec humour des situations vécues liées à leur alcoolisme et ils voulaient aussi restituer cet aspect.
La volonté d’Elsa Bennett et Hippolyte Dard est aussi de s’adresser à la jeune génération à travers le personnage d’Alice (Sabrina Ouazani) qui a un alcoolisme "mondain". Dans les centres, cela représente 20 % des malades et ce chiffre augmentera à 50 % dans dix ans chez les jeunes femmes de 18 à 25 ans.
Si les réalisateurs ont pensé immédiatement à Valérie Bonneton pour camper le personnage de Suzanne, Michèle Laroque a donné aussi son accord très vite après la lecture du scénario. Ils ont choisi Sabrina Ouazani pour son "phrasé naturel très énergique qui correspond à un personnage ivre de sa propre nervosité comme l’est Alice".
En élaborant le scénario, Elsa Bennett, Hippolyte Dard et Louis–Julien Petit se sont demandé ce que ces femmes pouvaient avoir comme but original pour combattre leur addiction à l’alcool. Ils ont alors entendu parler de courses automobile féminines et de rallyes dans le désert. Si l’idée peut paraître farfelue, ils ont décidé de les mettre au volant.
Pour préparer son rôle, Michèle Laroque a imaginé une vie complète de son personnage, où la comédienne qu’elle incarne aurait commencé sa carrière trop jeune, aurait été mal entourée puis serait tombée enceinte et se serait retrouvée seule et malheureuse. Une méthode qu’elle a apprise lors de ses études d’acting aux États-Unis.
Pour préparer leurs rôles en amont du tournage, Michèle Laroque, Valérie Bonneton et Sabrina Ouazani se sont rendues ensemble une journée dans un centre de désintoxication et ont aussi beaucoup échangé avec Laurence Cottet.
C’est la troisième fois que Michèle Laroque et Clovis Cornillac se retrouvent sur un tournage, après Suivez cet avion (1989) et Monsieur Papa (2011).
Si toutes les séquences de groupe ont été écrites pour les trois comédiennes principales, les dialogues des rôles secondaires étaient libres. Par ailleurs, les scènes de face-à-face avec la psy sont entièrement improvisées. Michèle Laroque confie d’ailleurs : "Je suis allée chercher les mots que Diane pourrait employer pour décrire la vie qu’elle avait eue, et sa façon de l’analyser, car c’est un personnage assez intelligent".
Dans Des Jours Meilleurs, les trois actrices apparaissent pratiquement toujours sans maquillage.
Suzanne, qui boit depuis qu’elle est veuve, est inspirée du parcours de Laurence Cottet, devenue alcoolique suite à la perte de son mari. De même, les seconds rôles féminins sont souvent des anciennes alcooliques et les séquences face-caméra sont à la frontière du documentaire lorsqu’elles racontent leur histoire. Des improvisations qu’Elsa Bennett avait déjà instauré au moment du casting avec ces comédiennes.
La bande originale du film est émaillée volontairement de chansons de variété qui puissent parler au public et exprimer les émotions des personnages.
Si Valérie Bonneton a souvent incarné des femmes bavardes et expansives à l’écran, le personnage de Suzanne est à l’encontre de ce qu’elle a pu faire auparavant, c’est-à-dire une femme brisée, mutique, qui tente de se reconstruire.
Valérie Bonneton a beaucoup travaillé sa gestuelle pour préparer Suzanne, afin de montrer son évolution, comme elle l’explique : "Il était vraiment important de travailler sur les différentes gestuelles de mon personnage, pour marquer chaque étape de son cheminement. Tout est toujours possible. Il n’est jamais trop tard pour se regarder, s’occuper de soi, et s’aimer."
Des Jours Meilleurs signifie selon Elsa Bennett de tout mettre en œuvre pour que les femmes victimes de cette addiction puissent avoir la force de "décrocher leur téléphone" pour parvenir à ces jours meilleurs. Selon Hippolyte Dard : "C'est une ouverture. Ce n’est pas une question de happy-end, mais effectivement de 'jours meilleurs'".
Les séquences face-caméra ont été fortes en émotions et le tournage de ces scènes a duré au moins 3 heures, avec des comédiennes qui se mettaient parfois à pleurer.