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soniadidierkmurgia
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3,0
Publiée le 8 mai 2024
« Variétés » est un film tourné en 1935 par Nicolas Farkas, chef opérateur hongrois qui s’essaya un temps à la réalisation en France avant de migrer à New York pour participer à des courts métrages de soutien pour la marine américaine et y fonder sa petite société de production : Farkas Films Inc. Cette production franco-allemande est tournée juste après « La Bandera » qui vit Jean Gabin sous la direction de Julien Duvivier accéder au rang de vedette nationale. Le film adapté par Farkas d’un roman de Felix Hollaender (« Der Eid des Stefan Huller ») propose un drame amoureux prenant pour théâtre l’univers du cirque. Un trio de trapézistes (Les Maxims) évoluant dans un cirque pour le moins modeste va se spoiler: désagréger aussitôt la gloire frappant à sa porte via un contrat dans un cirque parisien. Un triangle amoureux infernal se met alors en marche qui va mettre l’intégrité de chacun des membres du trio en péril. Charles (Jean Gabin) aime secrètement Jeanne (Annabella) qui elle-même aime Pierre (Fernand Gravey). Quand Charles déclare maladroitement et plutôt brutalement sa flamme, la fraternité indispensable et même vitale qui unissait le trio vole en éclat, laissant la place à la jalousie et à la rancœur.
En voyant ce film au budget visiblement limité on pense évidemment à « Trapèze », le film de Carol Reed sorti sur les écrans en 1956 avec Burt Lancaster, Gina Lollobrigida et Tony Curtis en vedettes, adapté d’un autre roman plus récent mais dont l’intrigue ressemble étrangement à quelques variantes près à celle de « Variétés ». L’intensité dramatique est parfaitement rendue par Nicolas Farkas qui n’en omet pas par ailleurs de brosser quelques portraits pittoresques et émouvants comme celui du vieux clown (Nicolas Koline) ayant perdu dans l’affaire l’oie chérie qui lui servait pour son numéro, tout comme celui de Max le manager des trapézistes tournant en bourrique face aux rebondissements du drame amoureux et voyant tous ses efforts tomber à l’eau. Un manager interprété par Jean Sinoël, acteur né en 1868 second rôle éprouvé des années 1930 et 1940 que l’on remarquera dans « Sortilèges » de Christian-Jaque en 1944 où il se glissera sans sourciller dans les haillons d’une vieille villageoise. Mais ce qu’il convient de souligner c’est la prestation de Jean Gabin qui retrouve en Annabella l’une de ses nombreuses conquêtes. Tout juste révélé comme héros tragique dans « La Bandera » de Julien Duvivier son « accoucheur », il confirme dans ce qui sera sans aucun doute son rôle le plus noir car foncièrement égoïste et très antipathique, son aptitude à aller chercher au fond de lui les sentiments les moins avouables pour les mettre à la disposition du réalisateur et du scénario qu’il a choisi de servir. Malheureusement, les spectateurs n’ont pas apprécié de voir le glamour que dégageait Gabin si malmené faisant de ce film tombé rapidement dans les oubliettes un échec cuisant. On notera pour l’anecdote que la même année une version allemande du film (« Variety ») a été réalisée par Nicolas Ferkas où Anabella retrouve son rôle mais cette fois-ci entourée de Hans Albers et Attila Horbiger. Un an plus tard ce sera le tour d’une version anglaise avec « The three Maxims » d’Herbert Wilcox avec Anna Neagle, Leslie Banks et Tullio Carminati. Le sujet était loin d’être épuisé. Il faut dire que le roman avait été un best-seller en 1912.
Un petit film dans le monde du cirque avec une confrontation de deux amis pour les beaux yeux d' Annabella. Rien d'extraordinaire mais avec Gabin et Gravey il y a du lourd et du caractère d'ailleurs les deux feront parti des forces françaises libres.