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🎬 RENGER 📼
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3,0
Publiée le 4 janvier 2024
Dans les années 70, les femmes de ménage de l’UCLouvain (Université Catholique de Louvain en Belgique) mettent leur patron à la porte et créent une coopérative appelée “Le Balai Libéré”. 50 ans plus tard, les travailleuses d’aujourd’hui rencontrent celles d’hier et tentent de comprendre comment cela a pu être possible et si cela sera envisageable à notre époque.
Le documentaire de Coline Grando permet de mettre en lumière une histoire peu, voir pas connue, en dehors de la Belgique, à savoir la lutte orchestrée par des femmes de ménage au sein même de l’université pour faire reconnaître leurs droits, licencier leur patron et mettre en place une autogestion qui aura duré 14 années (jusqu’à ce que l’université soit contrainte de faire un appel d’offres pour renouveler le contrat).
Le Balai Libéré (2023) met un coup de projecteur sur ces femmes et ces hommes de l’ombre, qui oeuvrent chaque jour pour que des milliers d’étudiants puissent travailler dans de bonnes conditions. On découvre leur combat et la dure réalité qu’est leur métier, notamment grâce aux témoignages des salariés qui œuvrent au sein de l’UCLouvain (la pénibilité des tâches répétitives, le fait qu’ils soient en sous-effectifs et qu’ils doivent subir les affres de la sous-traitance).
Plutôt que de se contenter de raconter une expérience d’autogestion à partir d’images d’archives et d’interviews de travailleuses et de travailleurs l’ayant vécue, Coline Grando a fait un choix beaucoup plus ambitieux qui fait de ce documentaire un modèle du genre : raconter cette histoire, bien sûr, mais aussi, mais surtout, réunir devant sa caméra des travailleurs et des travailleuses du Balai Libéré avec des travailleurs et des travailleuses employé(e)s par le sous-traitant actuellement responsable du nettoyage des 350 000 m2 de l’UCL afin qu’elles et ils puissent comparer leurs expériences respectives et s’interroger sur la faisabilité d’un nouveau Balai Libéré dans le monde d’aujourd’hui. Un dialogue absolument passionnant ! critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-express-le-balai-libere/
Plus qu'un simple exemple isolé d'autogestion, le film de Coline Grando ouvre la voie à une critique plus globale d'un modèle capitaliste fondé sur l'individualisme et la compétition, imprégnant toutes les sphères de notre mode de vie moderne, des plus évidentes aux plus intimes. Si les formes collaboratives et coopératives de travail semblent encore difficile à s'imposer, c'est justement parce qu'elles impliquent un réaménagement massif de la pensée plutôt qu'un simple changement d'habitudes au travail, ou même de système de travail. Le norme: une route, grande, recouverte d'asphalte, pour reprendre l'exemple de Charlotte Pudlowski. S'en éloigner pour tenter un chemin de traverse semble encore plus ardu aujourd'hui. C'est ce nous laissent penser les différentes rencontres entres les nettoyeureuses d'hier et d'aujourd'hui, et pourtant, pas seulement: s'y esquisse aussi un besoin d'honnêteté, celui de faire voir les failles du système dans les coins cachés des auditoires de l'UCL, de regarder en face les places qu'occupent chacun.e dans la hiérarchie des dominants/dominés, de déranger. Le film, à travers l'évolution des conditions de travail des nettoyeureuses de ce campus universitaire belge, esquisse la possibilité d'un changement réel des pensées et des actes, et appelle à l'action collective !!
Un film aussi jouissif qu'instructif. un dispositif très original et passionnant, qui cherche à raviver les passions militantes du passé dans un présent bien morne. La lutte pour redonner du sens au travail ! BRAVO, à mettre entre toutes les mains !
C'est un film qu'il faut voir. Il décrit de façon précise la dépersonnalisation du travail au bénéfice du profit. La réalisatrice emboîte judicieusement une génération de travailleurs.euses des années 70 avec celle d'aujourd'hui, montrant que les conditions du travail ne cessent de se détériorer. Qui voit encore, qui salue, qui connaît les visages de ceux et celles qui nettoient nos administrations, écoles et bureaux ? Aujourd'hui encore moins qu'hier. Pour ne pas laisser l'obscurité totale recouvrir ces visages, il faut aller voir ce film ! Un joli final en musique pour couronner une très adroite réalisation !