Entre deux projets ambitieux, Magnolia et There Will Be Blood, PTA avait réalisé ce film à priori plus simple, une comédie romantique légèrement surréaliste, Punch Drunk Love. Il y a ici une atmosphère assez particulière, une petite musique que l’on apprivoise petit à petit, et qui reste finalement, dans mon cas, présente une fois le film terminé.L’histoire ressemble à une comédie romantique classique, teinté d’un petit côté Coenien pour son héros en looser attachant, victime de certaines situations absurdes (les scènes de téléphones m’ont un peu rappelées A Serious Man). Ce récit d’apparence classique prend alors de temps en temps, sans vraiment crier gare, quelques couleurs surréalistes. Cet aspect est renforcé par une mise en scène puissante, qui vient régulièrement transformer des scènes à première vue banales ; un décalage assez particulier qui fonctionne très bien. Je pense par exemple à la séquence où le héros court dans les couloirs de l’hôtel à la recherche de la porte de sa bien-aimée : une scène inattendue, presque sans dialogue, rythmée uniquement par le montage, la musique et les acteurs. C’est presque une comédie musicale, via ces quelques séquences particulières qui transportent soudainement le film dans une autre dimension. Ce rapprochement m’a particulièrement frappé lors d’une scène de baiser où les personnages deviennent des sortes d’ombres chorégraphiées.Pour rester dans la réalisation, je trouve que le cinéaste maitrise parfaitement les espaces, intérieur et extérieur, on sent bien les notions d’enfermement et de solitude. Il y a également des belles idées symboliques, comme le motif de l'harmonium ou du téléphone. Adam Sandler m’a beaucoup surpris avec ce rôle de contre-emploi, il s’y révèle très touchant. Les personnages secondaires m’ont moins convaincu, et c’est bien dommage : Philip Seymour Hoffman est excellent, mais son personnage a trop peu de scènes pour vraiment exister. J’ai même du mal avec le personnage féminin, trop peu approfondi pour avoir des réactions crédibles, et ce malgré les très beaux yeux d’Emily Watson. Reste heureusement Barry, cet antihéros magnifique, ce collectionneur de boites de pudding auquel il est difficile de résister. Cette comédie romantique peut sembler banale, mais va bien au-delà de ce vide apparent. S’il n’est pas parfait, ce film ne ressemble en tout cas à aucun autre, et cette singularité vaut la peine d’être découverte.