« Punch-Drunk Love » est un film curieux, inattendu, décalé. Je peux très bien comprendre que l’on soit hermétique à ce film en raison et de son rythme et de sa bande son. Pourtant, les deux s’inscrivent parfaitement au récit et surtout colle parfaitement à son personnage : Barry Egan, surprenant Adam Sandler. Ce dernier interprète un type assez barré, un tantinet autiste, en proie à mille tourments, renfermé et compressé par ses sept soeurs. Il y a une scène qui illustre cette musique limite cacophonique : celle où une de ses sept soeurs se présente avec une amie dans l’entrepôt où travaille Barry. Non seulement sa soeur le contrarie, mais la présence de son amie, Lena (Emily Watson) l’intimide, car elle le drague ; à cela s’ajoute l’activité de l’entrepôt menée par des employés maladroits, puisque tout un pan de marchandises va s’écrouler à terre suite à un choc avec un élévateur et tout ceci s’additionnent avec les menaces d’une prostituée que Barry a connu via un « téléphone rose » ; pris dans ce tourbillon de paroles qui fusent comme des particules, Barry, dérangé par ses propres tourments tente de garder l’équilibre ; la bande son de plus en plus assourdissante va accompagner cette scène loufoque et bien dirigée. Adam Sandler est surprenant de folie tendue, contenue, explosive, d’émotion sans cesse en rupture. Voilà un beau rôle qui lui a été donné par Paul Thomas Anderson. Voilà un metteur en scène qui sait regarder un acteur, lui offrir autre chose que ce qu’il a l’habitude de faire, d’en faire tout simplement un acteur au sens noble du terme. En regardant d’autres films d’Adam Sandler, je me dirai : « Je sais de quoi il est capable, il suffit qu’un metteur en scène ait l’intelligence de ne pas avoir de préjugés » comme Cronenberg par exemple pour Pattinson dans « Cosmopolis », comme Assayas pour Kristen Stewart dans « Sils Maria », comme Polanski pour Catherine Deneuve dans « Cul de Sac », comme Woody Allen pour Jason Biggs dans « Anything else, la vie et tout le reste » et comme encore P.T Anderson pour Paul Dano dans « There will be blood ». « Punch-Drunk Love » est tout simplement un autre film d’amour qui permet à Barry de s’affirmer, de se tenir droit ; l’amour qu’il ressent pour Lena le rend invincible. Ce film se situe entre « Magnolia » et « There will be Blood ». Je n’ai ni aimé « Magnolia » ni aimé « There will be Blood ». Je dois être un peu barré…