Bavière, 1618, l’Europe est meurtrie par la peste et envenimée par une fanatique guerre sanglante entre protestants et catholiques. Barbares, mercenaires, gouvernements, armées, églises et bandits organisent et subissent avec leurs peuples une abominable soupe de bigoterie, dogmes tragiques, violences et croyances suicidaires, alliances cupides, et éternelles traitrises et hypocrisies politico-religieuses.
Dans cette ambiance d’incompréhension paranoïaque, se regroupent, dans le petit village d’une merveilleuse et paisible vallée alpine, un vagabond, ancien professeur de langues et lettres à la vie détruite, un groupe de soldats et mercenaires tentés par la désertion et commandés d’un main de fer par un capitaine rationnel, et bien sûr les habitants autochtones organisés autour de leur chef et de leur curé. Contraint à de nécessaires et barbares compromis d’équilibristes, la communauté tâche d’organiser la partage des lieux, femmes, autorités et conditions religieuses pour palier l’imminent bain de sang, jusqu’à la fin de l’hiver, et malgré les plus que probables éclats internes et actes de guerre régionaux.
Cette aventure tournée en 1970 réinvente les rapports humains et les organisations sociales d’un monde explosif illustré par un microcosme précaire, subordonné à un pragmatisme obligatoire qui donne à hurler par sa bêtise, sa violence, et sa nécessaire tolérance. Au-delà des débats philosophico-politico-théologiques resplendira tout du long le potentiel étourdissant d’un véritable paradis terrestre malheureusement peuplé de croyants comme il en réapparait aujourd’hui, de sauvages, de libidineux et de calculateurs. Mais sa pierre blanche affiche surtout la dualité philosophique et adversaire entre deux esprits brillants et opposés, que cette boue rapproche pourtant comme des frères perdus, représentés par le pragmatisme du capitaine et l’idéalisme du prof, énormes Michael Caine et Omar Sharif.