Hors limites est probablement un des meilleurs produits tardifs de Seagal. On peut dire produit car évidemment l’existence de ce film est moins artistique que financière, mais enfin, pour l’amateur d’action pas trop exigeant il y a quand même de quoi se faire plaisir.
D’abord le casting présente d’agréables curiosités. Eva Mendes dans un petit rôle par exemple, Jill Hennessy toujours aussi charmante, Bruce McGill, second rôle généralement peu critiquable, et puis côté acteurs principaux il y a du muscle, et c’est déjà une bonne partie du cahier des charges remplie dans un film bourrin. Seagal est égal à lui-même, introduisant cependant un peu d’humour et de second degré et déclamant ses répliques badass avec plus de conviction que de coutume. Peu expressif et pas forcément toujours super engagé, néanmoins il tient la baraque ici, entouré d’un Michael Jai White aux faux airs de Cuba Gooding Jr. convaincant, d’un DMX pas déméritant et d’un Isaiah Washington que j’ai trouvé un peu plus approximatif. La « surprise » vient d’un Anthony Anderson moins balourd que je ne le craignais. Comique de service, s’il en fait parfois beaucoup ici, c’est toujours plus digeste que d’habitude, peut-être car ce film est aussi le plus sérieux de la trilogie que le réalisateur tourna avec les mêmes acteurs ou presque (sauf Seagal).
Le scénario est très basique, mais j’avoue avoir été un peu surpris de l’identité du ripou principal. Misant presque tout sur le rythme survitaminé, Hors limites bien que tourné au début des années 2000 semble tout droit issu du début des années 90 avec sa violence roublarde et sa construction presque schématique. Outre sa nervosité, Hors limites a cela de bien pour un Seagal d’être aussi un peu second degré, et de ne pas se prendre pleinement au sérieux. On pourra donc s’amuser de voir l’acteur faire la circulation par exemple ou démolir une table d’écolier. C’est divertissant mais la trame reste minimaliste, et les incohérences ne sont pas rares ! Mais c’est clair qu’il n’’y a pas de commune mesure entre ce film et les trois-quarts des ersatz DTV que Seagal a tourné depuis.
Sur la forme je retiendrai quelques scènes d’action solide (une course poursuite pas mal), avec une esthétique rétro de polar urbain violent qui plaira assez à ceux qui n’ont pas digéré la disparition de toutes ces séries B d’action qui avaient fleuri dans les années 80-90. Le réalisateur signe clairement le meilleur épisode de sa trilogie d’action, entre les deux horribles Roméo doit mourir et En sursis. Bref, bas quartiers glauques, scènes nocturnes nombreuses, scènes d’action solides (malgré deux ou trois passages de kung-fu où l’on voit bien que Seagal n’est pas le cascadeur !) et violentes, bande son urbaines portée par des chanteurs réputés dans le genre, Hors limites n’est pas vilain.
En clair, un métrage recommandable autant dans la filmographie de Bartkowiak que dans celle de Seagal. Imparfait, basique, ce que l’on recherche avant tout dans ce genre de film c’est l’efficacité et en la matière Hors limites offre de quoi se faire plaisir. 3