Souvenirs Goutte à Goutte, de son titre original "Omoide poro poro", sortie en 1991 est le deuxième film d'Isao Takahata. N'ayant pas encore (mais ça ne serait tardé) découvert son "chef d'oeuvre" comme le clament à l'unisson presse et spectateurs, il s'agit pour moi d'une entrée en matière dans la filmographie de cet autre génie de la Japanimation, cofondateur du Studio de Totoro and co aux côté du grand magicien Miyazaki. En ce début des années 90, il y a 25 ans, Takahata nous propose une jolie petite balade à la campagne à travers l'histoire de Teako Okajima, jeune Japonaise de 27 ans. Passionnée par la nature et animée par de vieux souvenirs, Taeko décide de prendre des vacances loin de la ville, dans les paisibles prairies rurales. Cependant, au cours de son voyage, Taeko se retrouve submergée par l'émotion de nombreux souvenirs de son enfance remontant soudainement à la surface; elle doit alors faire face à son propre passé et affronter ses tourments. Voilà pour le pitch global. Qu'est ce que j'en ai pensé ? Eh bien je sais pas trop...des hauts et des bas dans ce film d'animation. Entrons dans le vif du sujet, le studio Ghibli qui m'avait habitué a de très belles surprises m'a pour une fois déçu. Pas une très grande déception mais une déception quand même. Mon avis vaut ce qu'il vaut et mes arguments ne sont pas à prendre au pied de la lettre mais à titre purement personnel, je n'ai pas réussi à rentrer totalement dans le film; Bien sur, Omoide poro poro possède un charme évident mais disons que la sauce n'a pas pris, je n'ai pas ressenti cet éclat, ce petit quelque chose qu'on retrouvait dans "Si tu tends l'oreille ou encore "la colline aux coquelicots". Pourtant l'histoire m'attirait beaucoup au début; ce petit résumé simple mais efficace laissant entendre une quête personnelle, une recherche de soi dans le carde paisible du Japon rural^^, j'aurais vraiment voulu l'aimer ton film Takahata mais il y a des choses qui m'ont gênées.
Point par point, déjà, Omoide poro poro possède une histoire simple mais qui arrive à se révéler efficace, le réalisateur prend bien le temps de développer son héroïne en lui donnant une profondeur psychologique, rien à dire sur ce point là. Contrairement à la plupart des Miyazaki, ici point de fantastique, tout est réaliste, on retrouve un côté tranche de vie mêlé à du drame; à mes yeux le film n'a même pas le caractère d'un film d'animation pour enfant, c'est plus pour les grands cette fois.
Là ou ça gêne c'est que le film est long ! très long par moments, le rythme n'est pas trépidant, bien sûr le but est d'abord dans le contemplatif des beaux paysages de la campagne, de ses champs,de ses ruisseaux....ect mais j'ai trouvé que malgré un récit bien rempli en terme d'élément et ce jonglage entre passé/présent, de nombreux passages sont littéralement "creux", sans surprises et tendent à fatiguer le spectateur plus qu'autre chose, on a plus grand chose à se mettre sous la dent visuellement.
Outre ça, je n'ai pas adhéré au dessin vraiment trop vieillot à mes yeux, je veux pas être trop méchant car le film a quand même 25 ans mais comparé au Château dans le ciel qui est sorti 2 ans plus tôt, ces graphismes font assez brouillon, un dessin style vieux animés des années 70-80. Malheureusement pour moi qui suis un enfant de la fin des années 1990, ça ne joue pas en ma faveur.
Le personnage de Taeko, comme je l'ai déjà évoqué plus haut est bien développée, on la découvre petit à petit au fur et à mesure du film à travers des brides de son enfance (qui nous rappelleront sans doute la nôtre), de petits événements comme
la première fois qu'elle a goûté à l'ananas, son premier amour à l'école, ses difficultés en maths (je la comprend la pauvre^^), son envie de faire du théâtre, la gifle qu'elle s'est prise par son père ect... .
On se retrouve alors avec "2" Taeko, la petite fille de 10 ans à l'école primaire et de l'autre côté la Taeko adulte de 27 ans célibataire.S'il n'y a pas de fantastique inséré au récit, on sent quand même ce lien qui unit les 2. C'est comme si on assistait à une sorte de conflit intérieur, et de cette façon, le personnage de Taeko cherche à faire la paix avec elle même, c'est ça le but sous entendu de ce voyage. A travers elle, Takahata traite de pas mal de chose intéressante en véhiculant un bon nombre de critique comme le sexisme avec
les garçons de l'école primaire dans le près "âge bête" et qui se moquent des règles des filles.
Ou encore l'autorité paternel dans la famille avec
le fait que le père de Taeko lui interdisent de faire du théâtre, dominant complètement cette famille majoritairement féminine
.
L'autre point qui nous marque c'est la mise en avant élogieuse par le réalisateur de la campagne et du travail à l'ancienne avec l'agriculture, en utilisant les personnages de Taeko et Toshio, Takahata en fait en quelque sorte ses portes parole pour défendre cette cause qui lui est sans doute chère.
Les paysages de la campagne sont très beaux, les champs, les prairies, les rizières qui s'étendent à perte de vue, un décor proche du pictural et dont l'ambiance de vacance nous parvient avec grande facilité.
Ne cherchez pas le film en vf car il n'en a tout simplement pas.
Pour conclure, force est de constater que Omoide poro poro possède bien un charme à lui, cependant ce charme ne marchera pas forcément avec tous les cinéphiles, mais l'ensemble des critiques véhiculées sont bien argumentées et même si on a pas adoré, on finit par avoir envie de partir à la campagne. 13/20