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Antoine L
13 abonnés
125 critiques
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1,0
Publiée le 23 juin 2013
Le titre annonce la couleur, mais avec Alain Delon en tête d’affiche on pouvait s’en douter, la modestie est bien loin. Cette fameuse « race des seigneurs » n’est autre que celle des grands politiciens capables de trahir ses amis, son parti, sa nation, pour le bien de sa carrière. Autrement dit, ce film aurait dû s’appeler la race des connards.
Reprenant les émeutes de mai 1968, la retraite du général de Gaule et la montée en force de Chirac, le film esquive cependant les éventuels problèmes de justice en changeant les noms des personnages, mais personne n’est dupe. On suivra donc un petit arriviste de première (Alain Delon), parti simple ouvrier, puis syndicaliste, faisant un mariage pour l’argent, et terminant ministre. Évinçant ses amis, bafouant ses valeurs et reniant ses idéaux, il gravira les marches du pouvoirs. Très matérialiste, il profitera de l’hospitalisation de sa femme pour accrocher à son tableau de chasse une très jeune mannequin plantureuse. Mais ces petits plaisirs deviennent vite une terrible addiction que d’aucuns confondraient avec de l’amour, surtout quand la pauvre lui ouvre son cœur, mais pas pour lui : le travail avant tout !
C’est tout simplement navrant. Si les acteurs sont assez lamentables, voguant entre les deux extrêmes avec un naturel époustouflant, l’histoire l’est encore plus. Entre une émeute ridicule menée par des petits cons gauchistes, une politique inexistante, et des syndicalistes à la ramasse et tenant des discours stupides et dangereux, on suivra péniblement une amourette purement sexuelle et vide. Pas une seule scène impliquant la mannequin ne se passe sans qu’elle n’exhibe son corps nue, réduisant son personnage à un simple objet. Son amour pour mister arriviste est inexplicable, ses réactions incompréhensibles. Rajoutez à cela un montage douteux et un rythme affreux, et vous n’aurez alors qu’un infime aperçu de l’ennui qui nous assomme.
Autant Delon dans ce film est fabuleux et le sujet plutot interressant puisqu'il doit choisir entre sa carriere politique ou sa vie sentimentale. Le seul dommage, quelquefois un rythme pas très soutenue. Mérite tout de meme le coup d'oeil. Pas ininterressant cela dit.
Un thriller politique et psychologique signé du réalisateur de "La veuve Couderc". Mise en scène solide, direction d'acteur assurée, Pierre Granier-Deferre fait ici preuve de maîtrise. Certes, rien d'extraordinaire dans cette "Race des seigneurs" (si ce n'est la beauté plastique de Sydne Rome !), mais le film se laisse regarder avec plaisir. Un beau rôle pour Alain Delon.
En cette période du mitan des années 70, Pierre Granier-Deferre était un réalisateur reconnu et Delon était au zénith de sa popularité. Ces deux-là se sont unis pour l'adaptation d'un roman du belge Félicien Marceau "Creezy", Prix Goncourt 1969. Il s'agit de la description féroce d'un animal politique pris dans un piège à deux tirants : l'appartenance à un parti de gauche qu'il lui faut trahir pour arriver à ses fins et une jeune maîtresse mannequin qui hante ses pensées tout en nuisant à son image publique. Toutes les affaires de ces dix dernières années rendues publiques par l'intrusion massive des médias dans la vie politique, donnent une vérité accrue au propos du film de Granier-Deferre. Le film est tout à fait dans la tonalité des films engagés des années soixante dix mais Deferre par une mise en scène nerveuse souhaite lui insuffler le suspense des polars de cette décénnie où ils étaient très en vogue. Delon, ancien avocat, séducteur en diable, tient tout à la fois de Mitterand et de Chirac. Jeanne Moreau vénéneuse à souhait en femme de l'ombre, fait immanquablement penser avec son chignon renversé à Marie France Garraud qui à l'époque régnait en grande prétresse sur la droite française. Le constat est au final bien amer car le goût immodéré pour le pouvoir détruit tout autour de lui en n'acceptant aucune distraction de celui qui cherche à l'acquérir. En ce qui concerne les moeurs, les choses ont bien changé et la fréquentation d'un mannequin hors mariage ne serait plus un problème aujourd'hui, un certain Nicolas Sarkozy ayant lui même épousé une célèbre top modèle. L'affaire DSK en France et la présidence de Berlusconi en Italie nous ont montré que la dépravation n'était pas sans accompagner un ego surdimensionné. Il y aura sûrement un autre film sur le sujet qui actualisera le film de Granier Deferre.
Pierre Granier-Deferre explore les limites et les manigances de la politique, ou la soif de réussite, de pouvoir. Et son film est encore terriblement d’actualité : les gouvernements passent, mais les instincts qui animent les politiques sont toujours les mêmes.
"Gouverner, c'est se salir les mains et avoir de la merde jusqu'au cou", dixit Jean-Paul Sartre. Cela dit, dans le panier de crabes qu'est le monde de la politique, aspirer à gouverner suffit à se souiller de la tête aux pieds. Boudé à sa sortie, jamais réhabilité depuis, pas une seule fois évoqué lors des multiples hommages à Alain Delon. Et c'est bien dommage car cette "Race des seigneurs", sans être une oeuvre incontournable n'en demeure pas moins une bien belle contribution de qualité. Est ici suivie l'ascension d'un homme politique qui, pour arriver à ses fins, va sciemment sacrifier sa vie personnelle, sans jamais envisager l'éventualité qu'il puisse un jour, sur ce plan là, absolument tout perdre. Scénario béton, interprétation ultra solide (à l'exception de celle de Sydne Rome) et pas de temps morts. Autant de raisons incitant à redécouvrir ce film oublié.