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stebbins
497 abonnés
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4,5
Publiée le 24 avril 2012
Il y aurait sans doute beaucoup à transmettre au sujet de Pionniers à Ingolstadt, film méconnu du terrible Rainer Werner Fassbinder. Choc esthétique magnifié par les musiques du grand Peer Raben, Pionniers à Ingolstadt transpire le désespoir : il reste de ce voyage comme un goût de mauvais alcool, comme un ange incapable d'affronter les lumières criardes d'une fête tout à fait triviale. L'amertume, comme un voile imbibé, cloisonne les âmes en quête de pureté. Chez Fassbinber la vie est une prison, la liberté un simulacre : tout n'est que rapports de force, les convenances précédant les sentiments, l'égoïsme l'emportant sur l'intimité. L'homme évolue à travers chaque plan, chaque séquence, chaque silence. On sent bien que Fassbinder doit tout au théâtre, dans cette manière de situer ses personnages dans le cadre : rarement face à face, dos à dos parfois, acteurs et actrices marchent côte à côte le plus souvent, l'un derrière l'épaule d'une autre, l'une levant les yeux vers l'autre. Champ - contrechamp, filmage fonctionnel, lumière naturaliste, grammaire narrative... notions totalement étrangères au cinéma de Fassbinder ! Le réalisateur a tout simplement créé une nouvelle façon de mettre en scène, extirpant de la dramaturgie scénique les émotions les plus profondes pour mieux les capter avec sa caméra : une affaire de Septième Art, en somme...