Q majuscule
Un seul défaut à cette excellente comédie, son pitch qui en dit trop, au risque d’éventer les surprises ménagées durant ces trop courtes 77 minutes. Jugez plutôt : Usé par vingt-cinq ans de vie commune, le couple formé par Xavier et Sophie semble à bout de souffle. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’idée de Sophie d’inviter à dîner leurs voisins, Adèle et Alban, n’enchante pas Xavier. Il reproche à ce couple, visiblement très amoureux, son manque de discrétion, surtout la nuit ! Au contact de ces voisins aux mœurs débridées, Xavier et Sophie vont devoir se confronter à leur réalité, avant d’être poussés dans leur retranchement par une proposition quelque peu… indécente. Ce film, qui a pratiquement tout raflé au festival de l’Alpe D’huez, touche juste et, nom d’un chien, que ça fait du bien d’entendre une salle rire, n’en déplaise à certains critiques qui, visiblement préfèrent l’ennui distingué au divertissement de bon aloi.
Olivier Ducray et Wilfried Meance, en adaptant la pièce - puis le film - espagnole Sentimental, ont assumé avec habileté le côté théâtre filmé qui, souvent, peut s’avérer pesant. Ici, la mise en scène est habile, le rythme effréné, - le choix de tourner avec seulement deux caméras à l’épaule, y est pour beaucoup -, l’écriture somptueuse, et la « troupe » à son sommet. Cette comédie de « boulevard », - sans qu’il y ait de connotation péjorative dans le terme -, pourrait allègrement se situer entre Woody Allen et Almodovar… Quelles références ! On rit beaucoup jusqu’à ce que le ton devienne plus doux amer voire dramatique. Je pense que beaucoup peuvent de reconnaître dans l’affrontement de ces deux couples dans cette comédie vive et organique comme on en voit trop peu dans le cinéma français.
On sait maintenant que quand on réunit sur une scène ou à l’écran le couple Isabelle Carré / Bernard Campan, on joue gagnant, mais pas pour leur aspect bankable, suivez mon regard du côté des récents et médiocres Les Chèvres ou Cocorico – mais pour leur talent et leur parfaite entente qui relève maintenant plus de la connivence. Il fallait trouver un autre « couple » qui pourrait jouer d’égal à égal avec eux. Banco avec Julia Faure et Pablo Pauly, épatants également tous les deux. Tous les quatre nous propose un grand déballage hilarant au final inattendu et une fine analyse de la mécanique du couple. Rappelons qu’au festival cité plus haut, ce film a raflé, le Prix Spécial du Jury, les 2 prix d’interprétation et, sans doute le plus important, le Prix du Public. J’ignore si du côté de Marianne, Télérama, ou Le Monde, on comprend ce que ça veut dire.