https://leschroniquesdecliffhanger.com/2023/05/02/pinot-simple-flic-critique/
Pinot simple flic, c’est aussi beaucoup ce générique au début on l’on entend la voix chaude de Louis Chedid enchainer les « Police, police, police, police, police… Secours « . Ce n’est pas tout à fait multivitaminé d’hormones comme la dernière série policière en date de Canal BRI (2023) car Pinot n’est pas un beau gosse aventurier bagarreur. C’est le simple flic, le petit flic, petit képi, petite moustache, petite taille et zéro abdos. Pour autant, il maîtrise pour son époque et à sa façon les codes de la rue. Il va déployer progressivement une plus grande complexité que les premières images pouvaient le laisser présager. Une sensibilité, une solitude et un art de la transgression qui le sort de son apparente banalité. C’est tout ça Pinot simple flic, presque une histoire de faux semblants. Il est comme un héros tout autant comique que romantique.
Un peu plus tard, retour des rires, quand on verra l’inoubliable Sim en photographe porno un peu efféminé, forcément ça vaut son pesant. C’est aussi Pinot qui accueille sa protégée Marylou, dans son appart tout pourri, de zonard et face aux cris de la junkie : « Tu peux y aller, ici personne t’entend, et si on t’entend, tout le monde s’en fout ». Petit mec, petit appart, petite vie, que finalement tout le monde ignore dans une jungle urbaine où la place dans la chaîne alimentaire de la réussite se fonde souvent sur une part de hiérarchie sociale et se nourrit de l’indifférence, ici crasse. On est 7 ans avant Une époque formidable du même réalisateur, mais il pose ici quelques timides bases d’un regard déjà assez acerbe sur l’écrasement dévastateur de l’isolement dans les massives zones urbaines.
Au final, Pinot simple flic, s’il ne laisse pas un incommensurable souvenir permet pour autant de passer un agréable moment, de forcément se plonger dans une autre époque, tout en constatant évidement que les principaux codes sociaux et sociétaux n’ont que peu bougé en 40 ans… Pinot, c’est un simple flic comme il existe autant de petites vies en apparence, voire de « gens qui ne sont rien » (!!), mais qui méritent finalement tout notre intérêt.