Les films de Robert Guédiguian, certains, dont je suis, les attendent avec impatience, si pressés de retrouver ses acteurs fétiches comme Ariane Ascaride, Jean-Pierre Daroussin, Gérard Meylan...mais aussi les nouveaux venus comme Grégoire Leprice Ringuet...bref la grande famille du réalisateur.
Marseille, et ici le quartier de l'Estaque, on les aime aussi. La ville est toujours bien plus qu'un décors, elle est souvent l'élément fondamental de l'intrigue. Il faut se rappeler que Robert Guédiguian est au départ un sociologue, et que c'est comme cela qu'il faut voir son cinéma: comment un contexte économique, politique et environnemental peut influencer la vie des gens.
Dans la Pie Voleuse, on comprend parfaitement le but du film: montrer que la partie invisibilisée des Français, pourtant les plus nombreux, vit avec trop peu d'argent pour s'offrir l'essentiel. Manger, se loger évidemment, c'est important, mais comment vivre dans une société où la richesse inonde les rues des villes, suscite les convoitises quand on ne peut pas se faire le moindre petit plaisir comme s'offrir une assiette d'huitres ou payer des cours de piano à son petit fils?
Ce film est passionnant car il expose ce sujet si peu présent dans le cinéma.
Robert Guédiguian y répond avec tout l'humanisme qu'on lui connait, et qu'on apprécie tant.
Pourquoi, alors, quelque chose me laisse sur ma faim?
Peut-être parce que contrairement à son précédent film "Que la Fête continue" par exemple, qui fait rejoindre l'individuel au collectif (le film est inspiré de la vie de Michèle Rubirola, qui gagna la mairie de Marseille au dernières élections municipales avant de remettre son mandat à Benoît Payan) celui ci s'intéresse plutôt à des démarches uniquement individuelles.
Peut-être un film proche de notre époque, un peu désabusé?
Les solutions aux maux ne résideraient plus dans le politique mais dans les actes individuels même délictueux?
Comme toujours, chez Guediguian l'intelligence, l'amour et l'humanisme finissent toujours par triompher.
C'est ce qu'on aime chez ce réalisateur pas si éloigné de Ken Loach.