Dévouement
Le petit monde de Robert Guédiguian s’est de nouveau mis en place pour ces 100 minutes qui, même si elles ne sont pas ses meilleurs, restent un joli moment de cinéma engagé qu’on aurait tort de bouder. Maria n’est plus toute jeune et aide des personnes plus âgées qu’elle. Tirant le diable par la queue, elle ne se résout pas à sa précaire condition et, par-ci par-là, vole quelques euros à tous ces braves gens dont elle s’occupe avec une dévotion extrême… et qui, pour cela, l’adorent… Pourtant… Une humanité débordante pour un drame lumineux, mais un cinéma qui tourne un peu en rond. A voir sans crainte.
Retour à l’Estaque pour Guédiguian et sa troupe, son quartier de Marseille qu’il sait si bien filmé depuis Marius et Jeannette, en 1997. Il a 71 ans et nous gratifie de ses films – c’est ici son opus n° 24 -, depuis 1981. Mais quand je cite des titres comme Rouge midi, L’argent fait le bonheur, A la vie à la mort, Marie-Jo et ses deux amours, Au fil d’Ariane, La Villa ou Gloria Mundi, on se dit que, peut-être le meilleur est derrière lui. Son petit théâtre est toujours aussi solaire et politiquement engagé, mais force est de constater qu’il se répète, à la fois dans les intrigues et dans les intentions. L’émotion est toujours là, la musique toujours aussi présente – ici Mozart, Beethoven, Chopin, Satie… un régal -, son combat inlassable contre la misère, son amour de Marseille et de son petit peuple et son indéniable talent pour la mise en scène. Vous allez me dire, en voilà des qualités accumulées… C’est certain, ma déception provient à la fois d’un certain manque de rythme, de la répétition scénaristique ronronnante de film en film et surtout d’une fin bâclée comme rarement. Le goût du happy end de Guédiguian ne doit pas tout excuser.
Bien sûr on retrouve toujours avec plaisir son cercle de comédiens et comédiennes avec Ariane Ascaride, - toujours épatante -, Jean-Pierre Darroussin, - somptueux quand il récite Victor Hugo -, Gérard Meylan, Grégoire Leprince-Ringuet, Alain Boudet – pour son dernier rôle -, Robinson Stévenin. Cette fois, la petite nouvelle c’est Marylou Aussilou, aussi belle que talentueuse. Une ode à la bonté et au dévouement des oubliés du capitalisme qui ne peut laisser insensible. Une chronique sociale douce – amère au regard bienveillant, à la légèreté communicative, mais à la morale un peu trop vite emballée. Mais Guédiguian fait du Guédiguian, et on aime ça.