L’éclectisme des genres, on le sait, est un des marqueurs du cinéma de François Ozon, « Quand vient l’automne » est huitième film de François Ozon que je vois et à chaque fois je suis surpris…ce dernier film reprend sa veine chabrolienne, avec un thème inchangé, la famille,…Michelle ( Hélène Vincent) une douce grand’mère vit dans un joli village de Bourgogne baigné par la lumière d’automne…Cheveux blancs en auréole, quotidien réglé et cueillette de champignons avec sa meilleure amie Marie-Claude (Josiane Balasko), originaire du cru… . Pour la Toussaint, sa fille Valérie (¬Ludivine Sagnier), rarement à court d’amabilités – « Je ne ¬t’embrasse pas, j’ai la crève » est à peu près sa première réplique, il s’agit encore d’un tour de chauffe, les suivantes seront plus vachardes encore, vient lui confier son fils Lucas, pour les vacances de Toussaint. Michelle leur ¬cuisine une fricassée de champignons cueillis en forêt. Ils vont se révéler aussi toxiques que leurs relations et Valérie rembarque aussi tôt Lucas… Comme le résume sa copine Marie-Claude, dont le propre fils, Vincent (Pierre Lottin) sort à peine de taule : « C’est dur à dire mais avec nos gosses, on a tout raté. » Mais gare aux apparences inoffensives !! Vieille dame indigne , passé empoissonnant, rapports vénéneux...le tableau se charge d’ombres, au fur et à mesure que des détails révélateurs s’éclairent d’une autre lumière…Les personnages ne se comportent pas tout à fait comme ils le devraient, la morale s’avère des plus flexibles, les morts reviennent hanter les vivants et l’on n’est jamais sûr de rien… Remarquablement interprété, plein de non-dits et de « non montrés » c’est une ode aux femmes vieillissantes, remarquablement incarnées par Hélène Vincent et Josiane Balasko, face à Pierre Lottin, qui surjoue un peu le fils du peuple, et à Ludivine Sagnier qui a le mauvais rôle en fille odieuse …Le jeune Lucas (Garlan Erlos) est tout à fait convaincant en petit fils aimant…. C’est un film sur le temps qui s’écoule, la fatigue qui s’installe, la rotation des heures solitaires, la rousseur des frondaisons et les curieux méandres de la transmission avant que ne se déploie le grand ciel de l’hiver.