"Ah ça, quand on connaît pas, faut s'méfier avec les champignons...". (Grand Philosophe Léodagan). Quand vient l'automne est un François Ozon un peu perdu dans sa promenade aux champignons, il ramasse un peu tout et n'importe quoi pour le mettre dans son panier d'osier (des sous-intrigues inutiles, des moments de tension qui ne fonctionnent pas, un rythme mollasson, un petit panel d'acteurs qu'on nous présente vite et dont on ne sait pas vraiment où tout cela nous mène : il prend tout, il ramasse tout, et il espère que cela ne nous donnera pas une indigestion). Le problème de cette histoire pas désagréable (le début est intriguant, ce n'est qu'après qu'on commence à se demander où l'on va), c'est qu'elle fourmille de petits défauts (comme des petits cailloux dans la cueillette) qui rendent pénible la dégustation. On pense notamment à ce ton très condescendant envers les travailleuses du sexe (pas un seul point de vue pour contrer tous les autres qui ont honte de cette profession... Comme s'il fallait regarder avec désobligeance ces femmes dont le métier est moins ubuesque que l'on peut le penser : voyez le formidable docu Au coeur du bois, pour rester dans la thématique titre-champêtre), on pense à cette scène d'interrogatoire à l'acting raté du gamin (il met une plombe à répondre "Oui", sans conviction, à la question "Tu es sûr ?", mais cela n'a aucune incidence sur la suite...), on pense à cette tension ridicule entre la fille et sa mère (on ne comprend jamais vraiment pourquoi elle est venue voir sa mère, si c'était pour tirer la tronche en continu et lui lancer des piques, et la raison de cet éloignement est une fois de plus liée au regard vieillot sur une certaine profession... Vraiment, pour nous, ce film n'est pas très moderne), et on pense à cette scène du balcon où le dispositif de placement des personnages est tellement
culpabilisant pour le taulard (impossible de croire qu'elle est tombée toute seule) que cela manque de nuance pour l'enquête à suivre (on sait qu'il l'a poussé,
on aurait préféré avoir un doute, pour y réfléchir avec l'enquêtrice et les deux mères). Il n'en reste pas moins qu'Hélène Vincent, Josiane Balasko, Pierre Lottin et Paul Beaurepaire sont très bons dans leurs rôles, que l'on suit assez facilement les personnages et que l'on a envie de connaître leur passé, avant une deuxième partie de film décevante en tous points. L'idée est venue d'une indigestion familiale qui a marqué les souvenirs d'enfance d'Ozon, on espère que le prochain film tirera son origine d'un fait familial plus palpitant qu'un mal au bide.