Le Fil, policier, drame de Daniel Auteuil avec Daniel Auteuil dans le rôle de l’avocat de la défense.
Une réalisation soignée, aux ambiances feutrées et floutées et un casting parfait : Isabelle Candelier (très observatrice et habile présidente de la Cour d’assises), Alice Belaïdi (solide Avocate générale), Sidse Babett Knudsen (avocate, associée et en couple chacun-chez-soi avec Monier ; que j’ai trouvée en peu en-dessous de sa performance de femme de pouvoir dans Borgen, un rôle qui aurait mérité davantage d’envergure). Plus que la lumière du jour, les situations se vivent au halo de lampes. Auteuil (Maître Jean Monier) défend un type genre ourson un poil benêt, Grégory Gadebois (Nicolas Milik), accusé du meurtre de sa femme alcoolique, désabusée, qui a abdiqué. La famille vit des allocations familiales dans un village du côté d’Avignon. Le soir, quand il est déprimé, Milik va « Chez Roger » (un rôle court mais suffisant pour que Gaëtan Roussel puisse prétendre remettre ça, à mon avis), où il s’enfile son verre de lait avant de rentrer dormir, souvent seul : sa femme a coutume de cuver sur un banc du village, où elle a été retrouvée assassinée. Milik a tout de l’innocent : son allure, son discours inamovible, sa loyauté envers son ami Roger qui semble, lui, être le coupable, son rôle de père modèle auprès de ses 5 enfants. Seule sa belle-sœur, hargneuse, le traite de « sale type ». Cela ne suffit pas, et aux assises, le dossier ne compte aucune preuve tangible pour conclure à sa culpabilité. Pourtant l’avocate générale requiert 30 ans de prison. Celui de la défense plaide la relaxe en invoquant l’intime conviction. Il est sûr, dès le départ, que son client n’a pas tué la mère de leurs enfants et met tout en œuvre, pour « sauver » cet homme.
Le film nous met, spectateurs, en position de juré, lorsque celui-ci se retire pour délibérer.
A priori l’innocence l’emporte. Sauf que. Mon intime conviction m’invite à douter. Au fur et à mesure du procès, j’ai imaginé que Milik, las de l’alcoolisme de sa femme, la trompait avec la femme de Roger (lequel est pas mal ivrogne aussi, d’ailleurs l’alcool est un personnage du film) et que le couple avait fomenté un plan diabolique pour éliminer la femme de l’un puis le mari de l’autre, pour pouvoir enfin vivre leur amour au grand jour, avec tous ces enfants qui, en attendant le retour de leur père, lui dessinent de beaux dessins d’une famille réunie.
J’attends le verdict, anxieuse.
Auteuil a réussi son coup : ce film produit par sa fille Nelly, ne tient qu’à un fil…