Au milieu de la séance, je pensais que le film était banal, et même s’il est loin d’être le film de procès le mieux ficelé, Le Fil s’avère être une réflexion très pertinente sur la vérité et la justice. Comment procède la justice ? Est-elle vraiment objective ? La vérité peut-elle vraiment être reconstituée ? Que cherche un procès, sinon à reconstituer le fil de l’histoire ? Or, cette reconstitution passe obligatoirement par une interprétation. Dans ce cas, y a-t-il toujours une vérité ? Sans être aussi poignant que l’illustre Douze hommes en colère ou Philadelphia, Le Fil reste une proposition intéressante, qui ajoute quand même sa pierre à l’édifice, en faisant réfléchir le spectateur sur la notion de juger, sur celle de la justice, en revenant sur la définition même qui constitue le fondement de ceci : la vérité. Toutefois, le long-métrage parvient tant bien que mal à capturer, du moins totalement, l’attention du spectateur – ce fut le cas avec moi – ce qui a des conséquences sur notre réaction quant au twist de fin, même si Daniel Auteuil n’a pas le tiers du talent de Fincher pour les twists de fin. En parlant de ce dernier, l’acteur du Brio est certes un bon réalisateur, proposant des plans recherchés, invitant parfois à la contemplation (je pense à un plan lorsqu’il est seul sur un banc, me rappelant la scène d’introduction du Samouraï de Jean-Pierre Melville), mais ce film de procès manque cruellement de suspense et de tension, ou s’il en a quelques-uns, il manque de ce petit quelque chose qui instaure une atmosphère troublante, inquiétante, à l’instar de Zodiac, et l’intensité émotionnelle s’en trouve considérablement amoindrie.
Pour finir, Daniel Auteuil est un meilleur acteur que réalisateur. Cependant, son long-métrage reste intéressant pour son message très pertinent, et l’intérêt pour l’intrigue est quand même là, c’est-à-dire que le scénario reste divertissant, sans toutefois égaler ceux de Anatomie d’une chute de Triet, J’ai rencontré le diable de Kim Jee-Woon ou encore Usual Suspects de Bryan Singer.
Pas indispensable, mais à voir pour le message et surtout, pour les amateurs de films de procès.