Le jeu d'acteur rend ce film magistral.
Comme à l'accoutumée, Daniel Auteuil nous livre une réflexion sur les profondeurs de l'âme humaine, avec une humanité qui n'a pas son pareil dans le jeu des acteurs français contemporains.
Quelle chance d'avoir ce très grand acteur pour nous emmener avec lui dans des voyages initiatiques au cœur des méandres de l'intelligence, de la volonté et de l'âme humaine. L'amour, la haine, la passion, les vertus, les vices, sont explorés, proposés à notre regard, à l'interrogation de nos propres vies et de ses faces cachées.
L'intrigue, menée dans les plus grandes règles de l'art dramatique, nous dépeint des enjeux auxquels nous sommes tous confrontés, en tant que sujets répondant de la loi; ne devant ignorer de quelle façon nous serions jugés un jour s'il le fallait, et quels enjeux recouvrent les mécanismes de l'acquittement, de la condamnation, des délibérés, des plaidoyers.
De nombreux enjeux éthiques sont soulevés, ouvrant la voie à la réflexion pour des élèves de classes de philosophie ou de droit - voire des projets de loi à l'Assemblée sur ce qu'il serait bon de réformer.
Le secret professionnel de l'avocat est en particulier remis adroitement en question, avec la problématique d'un suicide parmi les suspects. S'il advenait qu'une personne se confie auprès de son avocat et lui avouait en privé avoir commis le crime pour lequel il est alors conduit à se défendre, l'avocat ne serait pas tenu de livrer la vérité à la justice. Comble de l'incohérence !
Ce que l'on permet au prêtre car le pénitent vient trouver auprès de lui la Lumière de Dieu pour se convertir (à savoir le secret de la confession - le prêtre est toutefois tenu de ne pas donner l'absolution si un crime répréhensible par la loi est confessé, et d'inviter le pénitent à se livrer aux autorités), le commun des mortels découvre que c'est une étonnante prérogative de l'avocat.
Cela simplifierait pourtant bien des intrigues... et permettrait de rendre justice aux innocents. N'est-ce pas là la mission de la Justice ?
En termes cinématographique, les prises de vue sont parfois à couper le souffle, avec de très belles vues de paysages par drone.
Des partis-pris étonnants donnent au rendu visuel un côté très "vintage" qui permet au spectateur de se transporter aisément dans les années 90, époque où le film se déroule.
La scène finale est glaçante et paralyse un bon moment à l'issue du film...
Que l'homme est faible et petit lorsqu'il ne choisit plus la Lumière...