Daniel Auteuil s’attaque avec brio au « film de procès » pour explorer la relation complexe qui se noue entre un avocat et son client. Il réalise un passionnant thriller psychologique qui repose sur ce face à face sombre, magistralement interprété par Daniel Auteuil - Maitre Jean Monier - avocat en fin de carrière qui n’avait plus plaidé aux assises depuis 15 ans, et Grégory Gadebois – Nicolas Milik - bon père de famille en apparence et pourtant accusé du meurtre de sa femme. Si l’intrigue retrace bien entendu la reconstitution des faits qui laisse de nombreuses zones d’incertitude, elle explore surtout la notion d’intime conviction. En l’absence de preuve irréfutable, comment être certain que Milik est coupable ou innocent ? Daniel Auteuil filme les entretiens entre les 2 personnages au plus près des visages comme pour mieux capter ce qui pourrait être un indice de la vérité tant recherchée. Le temps de l’instruction est long et captivant, conclu comme il se doit - figure imposée oblige - par une formidable plaidoirie de Daniel Auteuil, avant un rebondissement final aussi rapide que glaçant. Une vraie réussite !
Impossible d’aborder cette décennie cinéma des années 2020 sans au moins mentionner la densité de films judiciaires, notamment en terme de qualité. Que ce soit les plus confidentiels ( La jeune fille au bracelet et Première Affaire ) les très plébiscités ( Saint Omer, Les choses humaines ) ou encore Le Procès Goldman, sans même parler de films « détournant » ce genre sur-codifié à la manière des Chambres rouges ou Le Procès du chien ; et le point d’orgue de ce que certains pourraient appeler une mode : la palme d’or Anatomie d’une chute. Alors il est vrai qu’en voyant arriver « encore » un autre film de procès, on pourrait se dire que Daniel Auteuil arrive plus ou moins malgré lui après la bataille, et que nous, cinéphiles plus ou moins assidus, nous avons tout vu. Pas de médisance pour autant, si le point de vue (un avocat) et la prémisse ( la défense du suspect numéro 1 envers et contre tout ) peut sembler au mieux déjà vue, au pire extrêmement redondante et sans réel intérêt, je peux dire qu’en dehors d’une structure classique parfois remplie de limites, Le Fil est un long-métrage extrêmement solide, reposant sur de nombreux éléments moins conventionnels ; il souligne la maîtrise de Daniel Auteuil dans la direction d’acteurs, et j' ajoute : mais aussi désormais dans la création de narration et de mise en scène. En ce dimanche après-midi la salle était remplie , toutes générations confondues , et cela fait chaud au cœur.
Le Fil enrichit un corpus français déjà fourni en matière de représentations de la justice au cinéma : après Anatomie d’une chute (Justine Triet, 2023), qui investissait la construction d’un point de vue et le doute inhérent à notre appréhension de la vérité, après Le Procès Goldman (Cédric Kahn, 2023) qui interrogeait l’innocence autoproclamée d’un accusé se sachant innocent – « je suis innocent parce que je suis innocent » – et la valeur des preuves, matérielles ou sous forme de témoignage, Daniel Auteuil s’intéresse aux jeux d’influences qui gouvernent le cœur et l’esprit tout à la fois des jurés et de l’avocat de la défense. Le film épouse le point de vue de ce dernier, avocat raccordé à sa vocation après une quinzaine d’années sans plaider aux assises et sujet à son « intime conviction », c’est-à-dire à la rencontre entre ses sentiments à l’égard de Nicolas Milik et sa raison qui, en l’absence de preuves irréfutables, le conforte dans sa version des faits ; aussi le voir reprocher au procureur des poursuites criminelles et pénales son attachement à la fiction révèle-t-il son propre aveuglement, séduit par la bonhomie mal dégrossie d’un Grégory Gadebois interprétant un personnage complexe, confusion du comédien et du père de famille aimant. Le Fil sonde alors cette opacité caractéristique de chacun des protagonistes, tisse des relations entre passé et présent, entre plusieurs affaires – dont celle du toréro revendeur de drogues – pour exhiber la subjectivité à l’œuvre dans un procès. Daniel Auteuil signe une mise en scène inspirée, tout à la fois rigoureuse et expérimentale, pour rendre compte de la confusion de l’avocat que lui-même campe à la perfection. Une réussite.
Un père de famille (Grégory Gadebois) accusé d'avoir tué sa femme nie mais ne se bat pas non plus pour se défendre. S'il est assez difficile de s'intéresser à cet homme bourru et taiseux sans beaucoup de personnalité, Daniel Auteuil donne une belle interprétation dans le rôle d'un avocat marqué par la libération d'un client coupable et dévoué à son métier. La mécanique judiciaire avec l'importance décisive de la présidente de la cour d'assises est fidèle à ce que décrivait Éric Dupond-Moretti lorsqu'il était avocat pénaliste. Alice Belaïdi est convaincante en avocat général face à l'avocat expérimenté et roublard. Le Fil maintient jusqu'à la fin la tension du procès.
Film de procès assez sympathique et assez conventionnel visuellement malgré quelques petites idées intéressantes éparpillées. C’est une histoire bien racontée mais non sans de nombreux défauts qui m’ont pas mal dérangés. J’ai trouvé les acteurs, hormis certaines exceptions, assez mauvais dans l’ensemble, un manque cruel de retournement et de surprises dans le scénario et trop peu de développement de personnages car, en dehors de l’accusé, on ne sait pas grand chose d’eux. J’ai passé tout de même un agréable moment devant cette œuvre au montage assez efficace.
Film long et sans ressort. Les acteurs ne sont pas convainquant hormis Gadebois qui joue son rôle : devoir masquer la vérité. Les taureaux sont de trop. On ne voit pas le lien avec le film. Le rythme est trop lent et la musique n’aide pas l’intrigue. Les plaidoiries sont platoniques. Un peu plus de conviction aurait suffit. On ne s’improvise pas réalisateur Daniel Auteuil. C’est un métier. Le procès Goldman ou l’Anatomie d’une chute sont de bien meilleurs films.
GADEBOIS en nounours apparemment bienveillant est magistral. AUTEUIL en avocat d’assises empathique est exceptionnel dans ses plaidoiries intelligentes. BELAIDA en procureure générale est glaciale et chirurgicale. Coupable ou non coupable, le suspense ne se dénouera qu’aux dernières minutes et le film est admirablement construit pour cela. Epilogue impressionnant !
Je n'apprécie pas trop ce genre de film mettant en scène un fait divers sordide en relatant les faits et uniquement les faits. Autant regarder "faites entrer l'accusé" où l'on a quelques tentatives d'explication, ce qui rend la chose beaucoup plus intéressante. Toutefois j'ai tout de même apprécié la musique très circonstanciée tout au long du film et le jeu des acteurs. Et pour conclure, même si le titre du film fait allusion à la criminologie scientifique, on comprend qu'un tribunal d'assises reste un jeu de persuasions entre les différents intervenants et c'est celui qui sera le plus convaincant qui déterminera l'issue du procès. La police scientifique a encore beaucoup de chemin à faire!
Un jeu d'acteurs exceptionnel pour un crime où le scénario nous amène sur le fil d'une arête entre culpabilité et innocence. Le film, inspiré d'une histoire vraie, a été quelque peu lissé dans une géographie et un milieu socio-culturel différents pour éviter une caricature trop facile. L'intime conviction, fruit de la réflexion des jurés change de camp avec l'avocat qui se l'approprie. Le procès devient donc avant tout un révélateur de la personnalité des protagonistes basé sur leur passé.
Un avocat se donne pour mission de faire innocenter son client, Nicolas Milik, accusé d'avoir assassiné sa femme après une dispute. Convaincu de la culpabilité du meilleur ami de Nicolas Milik, il se laisse petit à petit emporter par cette affaire, laissant de côté sa vie personnelle et ses autres clients. En effet, il veut se racheter d'avoir fait innocenter un tueur 15 ans plus tôt. En salle le 11 septembre.
spoiler: "Le fil" est un nouveau film de procès qui en reprend à la lettre les codes traditionnels, n'apportant pas beaucoup d'originalité dans le traitement de l'affaire judiciaire. Formellement, on n'est pas dépaysés. Cela donne un air de déjà-vu assez fort. L'intrigue est captivante et joue tout sur un coup de poker, un twist final explosif en deux temps qui a la capacité de sidérer le spectateur. Gregory Gadebois offre une performance très juste, terrifiante sur la fin, sans laquelle tout le film tombe à l'eau. Je n'ai pas compris l'intérêt des scènes de corrida et l'apport qu'elles donnent à l'intrigue. Cela crée une impression de morcellement au film.
Dernier film de Daniel Auteuil, Le fil est un film judiciaire rondement mené, alternant entre scènes de procès et scènes de flashback. Daniel Auteuil y joue un avocat convaincu de l'innocence de son client accusé du meurtre de sa femme. Si le film en lui-même que ce soit son histoire ou son déroulement, n'est pas révolutionnaire, sa conclusion fera comme un léger coup de massue qui étonnera.
J’ai bien aimé le rythme donné, la réflexion sur « l’intime conviction », la complexité de retracer les faits, de retrouver « la vérité des événements ». La Justice n’est pas un équilibre parfait… loin de là ! Les textes dans le tribunal sont très intéressants. La fin nous dit tout sur la difficulté qui est devant les magistrats, les juges, les jurés. Bémols pour : Gros plans inutiles, Scènes très sombres, Relation de l’avocat et de sa compagne, … La jurée venant révéler l’intervention de la Présidente du Tribunal sème le trouble auprès de notre Justice ! Bravo aux acteurs principaux pour leurs remarquables interprétations. Un film à voir.
Un procès, des retours en arrière. Belles interprétations bien que Sidse Babeth Knudsen mériterait un rôle plus étoffé. Mais la fin, surprenante fin. Elle réveille le film et mon émotion!