Festival de Cannes, séance "mais quel gâchis". Oh, Canada rejoint gentiment la liste des mauvais Paul Schrader, long, très niais, et qui oublie de caractériser son personnage principal alors qu'il est censé tenir le film fermement (tout le scénario n'étant basé que sur sa vie). Que sait-on de Leonard Fife, documentariste fictif (on précise, car on a vu pas mal de gens tomber dans le panneau : ce n'est pas le biopic d'une personne existante), quand la lumière de la salle se rallume ? Pas grand chose, puisque les fameux documentaires sont expédiés en quelques images d'une dizaine de secondes, dont on comprend tout juste les sujets (alors qu'ils doivent être les illustrations des convictions du personnage). A la place, Paul Schrader vous propose une vitrine-expo de deux monstres sacrés du cinéma, juste ici pour faire vendre le film, mais qui n'ont rien d'autre à dire que "Où est ma femme ?!" (Richard Gere) et "Là, mon chéri." (Uma Thurman), des sous-performances qui font (très) mal au cœur. Si vous parvenez à ne pas vous endormir (un exploit), vous pourrez aussi profiter de Jacob Elordi (Priscilla, Euphoria), qui tente de tirer son épingle du jeu, une tentative qui ne peut malheureusement pas compenser les infernaux flashbacks en boucle, désordonnés ("parce qu'il perd la boule, quand il raconte ça"... Merci Paul, on n'avait pas saisi, au cinquième saut dans le temps, changement d'épouse impromptu - car il les confond -, noir et blanc qui apparaît sans qu'on ne l'ait demandé, écran 4/3 qui est clinquant... Bref, une mise en scène aussi bordélique que possible). Et encore, vous n'avez pas vu le final très sirupeux qui en veut uniquement à votre boîte de kleenex... A la sortie, on ne sait pas trop ce qu'on a vu, si ce n'est une œuvre chaotique dans sa mise en scène, mollassonne, cucul dans son final, qui manque cruellement de contextualisation du travail de son personnage, et qui limite ses deux vedettes-phares à une phrase-clé chacune. "Où est ma femme ?!", pas devant ce film, on espère.