Étrange sensation que de se replonger dans ce vieux Disney de 1981, un peu mal-aimé aujourd'hui, un peu oublié aussi. Produit et sorti à une époque où la branche animation des studios du grand Walt était en pleine crise existentielle, il appartient à une décennie souvent considérée par les puristes comme "noire" pour le dessin-animé Disney, ou en tout cas oubliable. Pour un Disney, "Rox et Rouky" est atypique, assurément. Commençant par une mort suggérée mais violente, empli de passages tristes (
la scène déchirante de l'abandon
), s'achevant par un happy-end en demi-teinte. Visuellement, le film est très joli, avec un décor de campagne et de forêt évoluant au fil des saisons. En revoyant ce film, j'ai eu l'impression de redécouvrir un continent perdu, celui de l'enfance à la campagne... Une ode aux "copains", à la liberté de l'enfance, à la découverte de la nature, aux jeux en plein-air, qui prend une saveur étrange dans le monde d'aujourd'hui, où les parents surprotègent leurs gosses et font tout pour les garder à l'intérieur par peur du "dehors" et de ses dangers. Ce film est vraiment touchant par la pureté et la simplicité désarmante de l'amitié qu'il met en scène entre le renard et le chien, et franchement déprimant lorsqu'il montre cette amitié se disloquer à l'adolescence, qui fait diverger leurs chemins et nécessite à chacun de s'assumer pour ce qu'il est: animal sauvage d'un côté, chien de chasse de l'autre. Tout n'est pas parfait dans ce dessin-animé: le dénouement narratif est assez frustrant et le personnage féminin de Vixie tient lieu de faire-valoir creux et sexiste, seulement collé là pour inspirer une amourette insipide à Rox. Mais bien d'autres qualités rachètent ces défauts: bande-son de qualité, galerie de personnages secondaires réussis, splendeur graphique du combat final, bien que très violent (il m'a beaucoup marqué étant gosse). Film émouvant sur les amitiés d'enfance et leur devenir, "Rox et Rouky" est beau comme un soleil d'automne, et comme à un gamin malicieux on lui pardonne tout, au nom de l'enfant qu'on a été et qu'on ne sera plus jamais.