Décidément, je kiffe trop le cinéma populaire indien. Tout y est trop grand, trop rapide, trop musical, trop long, trop…trop tout; tout simplement. ‘Leo’ est le genre de mec à penser que quand ils sont moins de trente en face lui, le combat n’est pas équitable : ‘Leo’ serait donc un véritable émule tamoul de John Wick si le film n’était pas déjà une copie-carbone du ‘History of violence’ de Cronenberg, soit un gentil tenancier de salon de thé qui tue les gens avec une telle aisance qu’on a l’impression qu’il a eu une autre vie avant celle de gentil tenancier de salon de thé. En Inde, quand on observe les archétypes des mecs qui en ont et sauvent la veuve et l’orphelin, on trouve les “potelés à moustache” et les “joufflus”. Vijay, superstar du sud de l’Inde, fait partie des joufflus, avec un curieux regard doux de mogwaï…ce qui n'est pas surprenant puisque, plus jeune, il était la star par excellence de la rom’com tamoul, c’est-à-dire un archétype de mec séduisant mais un peu inexpressif. Ca signifie aussi qu’il n’était pas le choix le plus évident pour maraver du thug en série…et on le prend plus au sérieux quand il apprivoise une hyène (au terme d’un générique qui dure une bonne vingtaine de minutes) que quand il brise la nuque d’un malandrin (même si la chanson chorégraphiée “Leo Das is a Badass” déploie beaucoup d’énergie pour prouver le contraire). Au final, le résultat est beaucoup trop long. Déjà que je trouve ‘John Wick’ trop long, alors imaginez un peu…mais le cinéma indien n’a jamais intériorisé le concept d’ellipse. Il faut qu’on puisse observer l’affection de Parthiban pour ses enfants et sa femme dans sept ou huit scènes successives pour qu’on comprenne que c’est un chic type. Il faut qu’on assiste aux interminables plaidoiries du tribunal pour qu’on puisse être persuadé de la sagesse bienveillante du système juridique indien. Quand il y a un flashback, il dure vingt cinq minutes et on finit par avoir l’impression de regarder un autre film. Notez que du coup, les scènes d’action tirent en longueur aussi…mais toutes possèdent ce vernis qui est propre aux différentes cinématographies indiennes : un burlesque léger qui atténue (à peine) une violence très frontale, comme un film de Jackie Chan mais dans lequel on sent que ça fait vraiment mal quand il cogne. Bon point aussi, si le film est tamoul, il se déroule dans l’Himachal Pradesh, au pied de l'Himalaya : “à la neige” en quelque sorte et c’est original. Après, bon, on n’atteint pas la démesure mégalo d’un ‘R R R’...mais dans le créneau de l’actionner “domestique” (c’est quand le héros tue des gens dans sa propre maison pour préserver sa famille, et peu importe que le spectacle de leur père énucléant les agresseurs avec ses pouces expédie ses enfants chez un psy jusqu’à leur majorité ), ‘Leo’, malgré ses longueurs et ses temps morts fait preuve d’une réelle application dans les chorégraphies guerrière, d’un détachement dans l’expression de la violence et d’un climat si incertain qu’il balaie d’un retour de main n’importe lequel de ses concurrents hollywoodiens…qui sont généralement tout pourris, soit, mais il est clair que la terre promise du film d’action se situe plus que jamais en Asie.