Le metteur en scène Marco Amenta a été photo-reporter puis s'est lancé dans la réalisation de films documentaires engagés sur la mafia, avant de signer son premier long de fiction en 2007, La Sicilienne. Celui-ci, qui évoque également la mafia, lui vaut des menaces et plusieurs procès d’intimidation. Malgré cela, son travail obstiné sur l’omerta liée à la mafia connaît une reconnaissance locale, la ville de Palerme lui décernant "la Médaille de la valeur Civile".
Anna trouve son inspiration dans deux histoires. D’une part, celle d’un vieux fermier sarde qui a traîné en justice un groupe immobilier qui tentait de voler ses terres. Et d’autre part, d'une rencontre entre le réalisateur et une éleveuse de chèvres au nord de Rome prénommée Roberta. En prise avec d’énormes difficultés économiques, dans un environnement très machiste, "Roberta avait du mal à s’en sortir, mais elle se battait, et j’avais trouvé son approche de la terre et des animaux très différente de celle des hommes paysans, presque maternelle." Son parcours et son caractère ont fortement infusé le personnage d'Anna.
"Diriger" des chèvres n'a pas été chose facile pour le réalisateur, car ce sont des animaux particulièrement indociles. Ainsi, précise Marco Amenta, "la mise en scène a dû s’adapter à elles, avec une démarche presque néoréaliste."
L'actrice Rose Aste et le réalisateur Marco Amenta se sont longuement préparés au tournage et ont vécu durant deux mois dans la ferme du film, où ils se levaient tous les matins à six heures pour nourrir les chèvres et qu'elles s'habituent à eux.
Le casting pour trouver l'interprète d'Anna a été très long. Le réalisateur recherchait une actrice qui parle le dialecte sarde. Rose Aste a su convaincre grâce à "son côté paysan, rugueux, brut" mêlé à "une forme de douceur et de sensualité". Le réalisateur précise : "Elle n’obéit pas aux stéréotypes de la paysanne. [...] Nous avons fait beaucoup de répétitions pour conserver sa spontanéité, et que la caméra soit au service de son jeu d’actrice."
La Sardaigne est un personnage à part entière, comme le souligne Marco Amenta : "Les Sardes ont un orgueil, un sens de l’honneur encore très fort. L’histoire dont s’inspire le film se passe en Sardaigne, et je ne sais pas si elle aurait pu avoir lieu ailleurs. C’est un littoral encore très sauvage. Les côtes ont été protégées comme nulle part ailleurs en Italie, ni même en Europe."