Le mal n’existe pas, réalisé par Ryusuke Hamaguchi, est une œuvre qui surprend par son approche à la fois contemplative et réfléchie. Ce film, qui raconte l’histoire de Takumi et de sa fille Hana dans un petit village de montagne menacé par un projet de glamping urbain, parvient à dresser un portrait nuancé de la relation entre les hommes et la nature, sans jamais tomber dans la caricature.
L’un des points forts du film réside dans la façon dont Hamaguchi filme la nature. Chaque plan de forêt, chaque goutte d’eau capturée à l’écran semble posséder une dimension spirituelle. Cette représentation de la beauté brute et sauvage du monde naturel est l’une des réussites majeures du film. On sent que le réalisateur a voulu rappeler que l’homme n’est qu’un élément de cet écosystème et qu’il doit apprendre à vivre en harmonie avec lui.
Le jeu d’acteur, bien que dépouillé, est convaincant. Hitoshi Ohmiga, qui incarne Takumi, offre une performance tout en retenue, qui s’accorde parfaitement avec le rythme du film. Cependant, le contraste avec les personnages venus de la ville est parfois un peu trop marqué, donnant l’impression d’une certaine simplification dans l’opposition ville-campagne.
Là où le film montre ses limites, c’est dans son rythme lent et son absence de résolution claire. Cette lenteur, qui participe à la poésie du film, risque d’en perdre plus d’un en cours de route. Les spectateurs à la recherche d’un récit plus conventionnel, avec un début, un milieu et une fin bien définis, pourraient trouver la fin abrupte et trop ouverte pour être pleinement satisfaisante.
Hamaguchi ne cherche pas à imposer une morale simpliste. Il montre plutôt la complexité des décisions humaines face à la préservation de l’environnement. La communauté du village, présentée sans artifices, incarne une forme de sagesse discrète, tandis que les promoteurs du projet urbain apparaissent, non pas comme des antagonistes, mais comme des individus aux prises avec leurs propres dilemmes.
Malgré ses qualités indéniables, Le mal n’existe pas donne parfois l’impression de se perdre dans sa propre contemplation. Le film aurait gagné à resserrer son propos et à offrir une narration plus structurée. Il n’en reste pas moins une œuvre qui vaut le détour, ne serait-ce que pour sa beauté visuelle et sa capacité à éveiller une réflexion sur la place de l’homme dans la nature.
En définitive, Le mal n’existe pas est un film qui plaira avant tout aux amateurs de cinéma contemplatif et poétique. Il n’est ni un chef-d’œuvre inoubliable, ni une simple curiosité. C’est un film qui se situe à mi-chemin entre l’exploration sincère et la narration imparfaite, un voyage cinématographique qui invite à la réflexion sans chercher à imposer une réponse.