L’oppression
Prix d'interprétation féminine à Cannes pour sa prestation dans Les Nuits de Mashhad, très remarquée dans Les Survivants de Guillaume Renisson, l’iranienne Zar Amir Ebrahimi ne faillit pas non plus quand elle passe derrière la caméra, ici en compagnie de l’israélien Guy Nattiv, dont, jusqu’alors, la filmographie est restée pour le moins confidentielle -. La judokate iranienne Leila et son entraîneuse Maryam se rendent aux Championnats du monde de judo avec l'intention de ramener sa première médaille d'or à l'Iran. Mais au cours de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et d’abandonner pour éviter une possible confrontation avec l’athlète israélienne. Sa liberté et celle de sa famille étant en jeu, Leila se retrouve face à un choix impossible : se plier au régime iranien, comme l'implore son entraîneuse, ou se battre pour réaliser son rêve. 103 minutes absolument formidables, traitées comme un thriller avec ce qu’il faut de tension et de suspense. Des interprètes épatantes et un contexte politique parfaitement explicite… hélas !
Sport et politique ! Voilà un mélange rarement exploité au cinéma. Ici, le scénario réussit admirablement à nous plonger dans les coulisses d’un championnat du monde de judo. La critique du régime des mollahs est accablante. Evidemment, le film n’est pas noté comme iranien mais comme géorgien, d’ailleurs le tournage s’est déroulé à Tbilissi. Anoter qu’il a été écrit avant la révolte des femmes en Iran, en s'inspirant de plusieurs athlètes iraniennes, - une boxeuse, une spécialiste de l’escalade et une autre du taekwando -, ayant accompli l’impossible. Le choix du huis clos et de son atmosphère étouffante est des plus heureux. Cette sensation de claustrophobie est emblématique de l’enfermement et de l’oppression constante imposée à ses athlètes femmes par l’Iran. Le noir et blanc et le format carré qui favorise les très gros plans font partager ladite sensation au spectateur. Sous couvert de film sportif, Tatami s’adonne à la critique frénétique du régime autoritaire iranien, en veillant à montrer deux réactions aux événements sans jamais apporter de jugement, ni sur l’une, ni sur l’autre. C’est du très grand cinéma et un des films du moment.
Arienne Mandi, actrice américaine mais parlant parfaitement le frasi -, est une véritable découverte. Elle a tourné toutes ses scènes de judo, au cours desquelles elle affronte d’authentiques athlètes olympiques. – A noter que je n’ai jamais vu ce sport aussi bien filmé au cinéma -. A se côtés Zar Amir Ebrahimi, herself, est prodigieuse. Quelle actrice ! Citons encore Ash Goldeh et Jaime Ray Newman, tout aussi impeccables. Réaliste, d’une cruelle vérité, ce thriller sportif suffocant, un modèle du genre, fait froid dans le dos, nous terrasse par ippon ! Incontournable ! Tous au dojo !