Godzilla Minus One a une notoriété à l'international dont il est le premier à s'étonner (ressortant au compte-gouttes dans les salles françaises, créant des engouements chez les amateurs, cartonnant carrément aux États-Unis...). Il fallait donc qu'on voit ça. Et effectivement, après les récentes adaptations américaines qui font un peu n'importe quoi avec le mastodonte (surtout Godzilla : Roi des Monstres et Godzilla vs Kong), on est bien content de voir le gros dino retrouver son foyer natal japonais, on est bien surpris de la qualité des effets spéciaux pour un budget de 15 millions (et une création compliquée), on est bien estomaqué par les vingt dernières minutes qui se vivent les yeux grands ouverts et le souffle court (le duel final est un vrai spectacle !). Mais, puisqu'il y a eu un grand "Mais" pour nous, l'heure et demi avant ces 20 minutes de conclusion épique nous ont royalement barbé. On nous fait goûter à la créature dans sa globalité dès l'ouverture, pour nous l'enlever du bec aussitôt, et lui préférer des jérémiades (en boucle) sur le code de l'honneur du kamikaze (au troisième radotage sur le sujet, on n'en peut plus, et ce n'est que le début... "Il est passé où, le monstre, là ?!"). Le personnage féminin (au singulier : il n'y en a qu'un... Non, on ne compte pas la voisine qu'on voit trente secondes, et la fillette qui a deux mots de dialogues) est ultra mal exploité (un vrai papier-peint, qu'on finit par arracher à mi-film : "Boh, ça servait à rien, alors on enlève."). A ce sujet, on ne comprend pas que le film insiste une heure sur l'honneur (en guise de seule émotion... Clairement, on est resté de marbre), et se manque sur une vraie scène émotion qui aurait pu plaire (le père adoptif qui refuse que sa fille l'appelle "Papa" tout le film, mais
lorsqu'il la reprend dans ses bras à la fin, il aurait pu enfin dire "oui" à cette appellation...
C'était simple, évident, et on ne comprend pas pourquoi le film ne l'a pas fait). Et enfin la tronche inexpressive de Godzilla et sa démarche robotique (les bras en avant, à 2km/h, raide comme un piquet) sont un hommage au comédien qui l'interprétait dans les premiers films en costume, mais sont totalement ridicules ici (on ne sait pas ce qu'il regarde au loin, et il a l'air d'avoir un balais dans le fondement). Mais voilà, si l'on s'est plus qu'ennuyé dans la première heure et demi, cela n'a pas été sans remarquer tout le travail phénoménal accompli par les équipes japonaises avec un budget réduit, on a quand même été bluffé par le design de la crête dorsale (elle est mille fois plus effrayante et classe que la bestiole en soi), on a bien aimé l'équipe de bras cassés qui sont censés défaire le Monstre (un prof maladroit, et des bidasses triées sur le volet dont le héros qui est un kamikaze déshonoré - on l'a compris à la millième redite -). Et évidemment, on aime le symbole de "ramener l'attention des gens sur le produit japonais" (quand on a déjà eu un Shin Godzilla en 2016 passé totalement inaperçu, étouffé par les versions américaines fadasses), qui promet surtout un bras-de-fer impressionnant entre les deux univers cinématographiques : que le meilleur monstre gagne !