Bon sang ne saurait mentir. Et le pedigree de Halfdan Ullmann Tøndel, réalisateur de La Convocation, Caméra d'Or 2024 à Cannes, est de ceux qui impressionnent : fils de la talentueuse romancière Linn Ullmann et petit-fils, excusez du peu, de Ingmar Bergman et de Liv Ullmann. Accessoirement, le cinéaste norvégien de 34 ans a aussi été l'assistant de Joachim Trier, auquel il a emprunté sa comédienne de Julie (en 12 chapitres), Renate Reinsve, laquelle se révèle tout aussi stupéfiante (et sublime) dans La Convocation. Contrairement à ce que le synopsis semble indiquer, le sujet du film est moins le comportement parfois inapproprié des enfants à l'école que la psychologie de leurs géniteurs, leurs névroses, leurs mensonges et leurs jalousies. Ces scènes de la vie parentale auraient donc eu toute chance de plaire au grand-père du cinéaste, dans une atmosphère très nordique de non-dits et de conflits larvés. Si la dernière partie du long métrage, allégorique et à la limite du maniérisme, ne fera pas l'unanimité, elle reste pourtant cohérente, eu égard au traitement de ce huis-clos étouffant, qui flirte même parfois avec la comédie et souvent avec l'absurde, sans parler de la place accordée au lieu des échanges, avec ses longs couloirs, référence évidente au Shining de Kubrick. Halfdan Ullmann Tøndel réussit pendant près de deux heures à faire monter la pression à son acmé, tout en l'esquivant de temps à autre par des scènes incongrues, à la fois gênantes et libératrices
(le fou rire, la danse)
. Du grand art que ces formidables instants norvégiens qui empruntent assez souvent au registre de l'horreur, tout en maîtrisant parfaitement son caractère de cruel suspense psychologique.