Adapté du manga « La concierge du grand magasin » (2017), 3e œuvre à 33 ans de Tsuchika NISHIMURA, le film, auquel le mangaka a collaboré, vaut mieux que sa bande annonce et la partie introductive, pétrie de bons sentiments, de bienveillance voire de mièvrerie, où Akino, jeune femme, en période d’essai pour un poste de concierge dans le grand magasin Hokkyoku dont les clients sont des animaux (appelés Monsieur et Madame), qualifiés de V.I.A. (Very Important Animals) et le personnel, y compris du restaurant attenant, des humains [
à l’exception du directeur, Eruru, un grand pingouin (Pinguinus impennis) qui possède une très riche bibliothèque remplie de livres sur les espèces disparues dont la sienne (en 1844)
], naïve et pleine de bonne volonté, n’arrête pas de s’excuser et de faire des courbettes à tous les clients qui font appel à elle. C’est la partie destinée aux enfants. Outre la splendide esthétique des dessins, très colorés, aux personnages dessinés sous le signe de la ligne claire, le film bénéficie d’une grande inventivité concernant les animaux choisis (
un mammouth sculpteur, Wally, des loups, une otarie, des chats, des perroquets, des paons, des furets, etc.
) et leur habillement et leurs postures : il présente aussi une lecture au second degré : la majeure partie des animaux qui fréquentent le magasin ont disparu ou sont en voie de disparition, posant la question de l’intérêt d’accéder à leurs souhaits, vu leur petit nombre et sans accepter toutes les demandes, même impossibles à satisfaire (
une otarie rappelle insidieusement que service et esclave ont la même origine
). C’est aussi une critique du management où l’inexpérience et les erreurs ne sont pas tolérées (Tódo, responsable d’étage, est un vrai méchant) ainsi que du consumérisme, à l’origine, entre autres, d’une réduction de la biodiversité (« l’Homme consomme par envie et non par besoin depuis l’invention des Grands Magasins »).