Jusque là les réussites de Claude Berri cinéaste se limitaient à ses souvenirs autobiographiques. Les incursions dans un cinéma affranchi des récits de sa vie, donna “Mazel Tov” et “Sex Shop”, plus sympathiques que vraiment bons, et le catastrophique “Mâle du siècle”. “Un moment d’égarement” est donc une bonne surprise, du en partie à une mise en scène revenant à des constructions simples et semblables au “Vieil home et l’enfant”. Ainsi, le générique et l’arrivée sur le lieu de villégiature montre en deux panoramiques, l’usine à bronzage de viandes entassées. De même, si la scène avec les minettes seins nus au tennis de table appelant une remarque des deux pères de famille, elle sert uniquement à planter le décor relationnel, après avoir fait craindre le pire (genre “L’année des méduses”). Ainsi, le réalisateur explore cette relation tentatrice entre une lolita et un monsieur d’âge mur (44 ans). Là où ça se gâte, c’est que la petite (17 ans) est la fille du meilleur ami. La réussite du film doit aussi beaucoup à Jean-Pierre Marielle, exceptionnel dans le rôle de cet homme faible devant la chair et peureux devant son ami (Victor Lanoux d’abord butor, puis touchant en homme qui perd peu à peu toutes ses illusions). C’est également le premier rôle d’Agnès Soral qui ne soit pas de la figuration décorative. La fin, ambiguë est un joli moment de tristesse et d’illusion. Malheureusement, par la faute d’un script pas assez travaillé, certaines scènes perdent le rythme, même si de temps à autre quelques belles réussites (la discussion des amants dans le lit, la goutte de jaune d’œuf qui tombe de la cuillère de Marielle quand Lanoux se met à hurler à l’étage supérieur, la révélation de Françoise à son père…) apportent un sursaut de qualité. Enfin, il faut saluer la justesse avec laquelle cette étude sociétale est montrée. Le remake américain « Blame it on Rio » (1984) est plutôt moyen, et malgré la présence de Michael Caine n’apporte pas grand chose à la filmographie de Stanley Donen. Le remake de Jean-François Richet en 2015 livre une version tellement dans le politiquement correct de ce début de siècle, qu’elle est globalement une trahison. C’est dire si le film de Berri mérite quand même d’être vu.