3,5
Publiée le 27 mai 2024
Pompeux, le dernier Sorrentino ? Par essence, la représentation de la beauté n'a t-elle pas cette caractéristique intrinsèque, tout du moins pour ceux qui la trouvent creuse plutôt que profonde. Si l'on veut bien admettre que la trame narrative de Parthenope, malgré le passage du temps, n'est pas son point fort, est-ce une raison pour vouer aux gémonies ce portrait de Naples, symbolisée par une femme dont la splendeur laisse coi (Celeste Dalla Porta, dans son premier long-métrage, qui est loin de capitaliser uniquement sur sa plastique, n'en déplaisent aux mauvaises langues) ? Là où certains dénoncent la pompe, il n'est pas interdit d'y voir une forme de grâce, dans cette tranche napolitaine qui n'oublie pas les côtés misérables de la capitale de la Campanie. Parthenope est à déguster comme une célébration de la ville (jusqu'au titre historique de champion d'Italie de football, en 2023), de son tempérament artistique et de sa monstruosité (l'une des scènes finales, traumatisante). Enfin, bref, que ceux qui n'aiment pas Parthenope n'en dégoûtent pas les autres, en particulier les amoureux de Naples, cité baroque et excessive, et même céleste, sans que cela soit une allusion à l'actrice principale du film, quoique ...
3,5
Publiée le 12 mars 2025
Parthenope embrasse tout à la fois un espace précis, la ville de Naples, et une temporalité étendue, depuis les années 50 jusqu’à aujourd’hui, choisit la chronologie à la différence d’un Federico Fellini qui préférait l’esthétique de la vignette pour explorer l’identité contradictoire et irréductible de Rome (Roma, 1972), depuis ses origines – par le filmage de fresques antiques – jusqu’aux autoroutes modernes ; choix également adopté par l’auteur Alberto Savinio, soucieux de déambuler librement dans Milan au fil des réminiscences et en dialogue permanent avec ses représentations artistiques (Ascolto il tuo cuore, città, 1944). Napolitain d’origine, Paolo Sorrentino compose une déclaration d’amour tourmentée à sa ville mal-aimée, sous-estimée voire ridiculisée par des préjugés tenaces que cristallise le discours de l’actrice qui remercie en les insultant la ville et ses habitants pour la statue qu’ils lui consacrent.
Le récit d’apprentissage adopte une approche à la fois géographique et « anthropologique », terme répété ad nauseam par étudiants et enseignants : il s’agit d’étudier, au sein d’un environnement défini, l’être humain dans sa relation à soi et aux autres suivant les différents âges qu’il traverse. Là où, dans La Grande Bellezza (2013), le cinéaste italien se faisait alchimiste en extrayant la beauté de la laideur romaine, il procède ici de façon inverse : il part des séductions faciles de la jeunesse, avec une séquence urbaine au ralenti qui esthétise à outrance minets et minettes, pour interroger la quête de la beauté véritable et profonde, celle associée à la connaissance intellectuelle. Le fils du professeur des universités figure alors cette bascule entre deux conceptions de la beauté, puisqu’il constitue le support à une façon nouvelle et éclairée de regarder, capable de convertir le Laid apparent en Beau par la métaphore spoiler: associant le gonflement des tissus à l’eau et au sel de la mer, milieu de naissance de Parthenope
.
L’eau occupe une place centrale dans le film, liée au mythe de la sirène, à l’image de l’écoulement du temps ainsi qu’à celle du sac et du ressac des souvenirs heureux ou malheureux qui fluctuent dans la mémoire. « Le temps s’écoule auprès de la douleur », affirme l’homme d’Église ; dès lors, selon la définition baudelairienne, le Beau se doit d’articuler l’éternel et le transitoire, tous les deux circonscrits dans le « trouble » que suscite notre héroïne dans le cœur et dans l’esprit des hommes. Comme Naples, elle demeure farouche et indépendante, faisant tourner la tête des hommes qui patientent, jalousent, tentent leur (mal)chance à l’image de l’hélicoptère tournoyant en vain dans le ciel dans l’espoir que la belle jeune femme se décide. Les bustes et autres têtes statuaires inscrivent Parthenope parmi les mythes qui fondent Naples, éprouvés par le temps mais toujours là.
Le maître mot du long métrage serait donc celui de résistance. Résistance sensuelle, que nécessite le désir pour advenir et s’exprimer – le récit cartographie les tabous, spoiler: de l’amour fraternel aux plaisirs de la chair pour un religieux
. Résistance idéologique face aux diktats d’une société qui ne comprend pas pourquoi une femme s’accomplit seule et sans enfants. Résistance spirituelle et intellectuelle au contact d’une éminence grise et grisonnante qui a su dépasser les apparences pour accéder à la liberté. Paolo Sorrentino signe une œuvre intelligente et personnelle, que desservent longueurs et dialogues sentencieux.
3,0
Publiée le 13 mars 2025
Du beau, mais aussi du lourdingue et du long, voire du ridicule lors de l'anti-cléricalisme. Dommage car le thème de la solitude de la beauté et de l'intelligence est bien incarné par l'actrice principale.
3,5
Publiée le 15 mars 2025
Présenté en CO (Cannes 2024), reparti la corbeille vide, " Parthenope" autrement dit Naples, ( du nom d'une des sirènes qui faillirent emporter Ulysse et son équipage), propose un portrait de la ville, de son âme, de ses secrets à travers le parcours de vie d'une jeune femme aussi belle, envoutante, intelligente, cultivée que maléfique.

Maléfique car Parthenope porte un lourd secret de famille dont elle est loin d'être sans lien et sans responsabilité ( comme elle le prétendra ).

Mais à Naples, semble nous dire Sorrentino, chacun à un secret ( le professeur, figure du savoir et de la culture ; le cardinal promis (peut-être) aux plus hautes responsabilités et dont les valeurs morales et de respect du sacrement ne sont pas ce qui le définissent le plus).

Derrière les façades et la beauté apparente, il y a un peu comme avec la sirène, la figure du double. Poisson et humain. Partie immergée et cachée au regard, partie séduisante et chemin de la perdition. Naples selon Sorrentino.

Les premières 45 minutes laissent espérer ( à mon goût) qu'on va avoir affaire à un très grand film, la seconde partie perd malheureusement en force émotionnelle.

Autant " la gran belleza" et " youth" surtout m'avaient laissé de marbre, " Parthenope" m'a réconcilié avec Sorrentino, cinéaste inégal mais pourtant majeur au sein du septième art transalpin actuel.
3,0
Publiée le 11 mars 2025
Parthenope est une jeune femme dont la beauté subjugue toute personne qu'elle croise, telle une sirène napolitaine. Également brillante dans ses études, elle est remarquée par le directeur du département d'anthropologie. En parallèle, Parthénope entretient une relation ambiguë avec son frère, sous les yeux de son ami d'enfance qui est tendrement amoureux d'elle depuis toujours. Son univers s'effondre après une nuit d'amour et un terrible accident. En salle le 12 mars.

spoiler: "Parthenope" est un une œuvre qui a de véritables atouts esthétiques et de mise en scène. Certains scènes m'ont particulièrement marqué tellement les décors, les mouvements des personnages et l'ambiance méditerranéenne en mettent plein la vue. Le personnage de Parthenope est aussi hypnotisant que la sirène dont il est inspiré, tant par sa beauté que par sa mystérieuse psyché : une véritable déesse parmi les hommes dont on ne cesse de se demander à quoi elle peut bien penser. Je regrette que le scénario soit aussi vide. On assiste aux errances de la jeune femme sans quête de quoi que ce soit de bien intéressant, jusqu'à la rencontre avec un espèce de monstre cauchemardesque qui est le point culminant du cringe, puis un final somme toute assez décevant : Parthenope a perdu son emprise sur nous. La beauté d'un film ne fait pas tout !
3,0
Publiée le 13 mars 2025
Comme souvent chez le cinéaste on s'aperçoit vite que la forme compense le fond, que la forme sauve un film au fond bien fade. Ainsi on suit une femme magnifique, à la sensualité assez dingue, issue d'une famille bourgeoise et privilégiée, vivant dans une carte postale idyllique, sûr de sa beauté et de son intelligence dont le destin va surtout reposer sur un seul et unique drame... SPOILERS cliquez pour en savoir plus !... Certains passages laissent perplexes, ou pas d'ailleurs !... On constate donc que le cinéaste nous invite dans une Naples où Luxe Calme et Volupté est la norme et situe donc le film dans une sorte de monde parallèle prétentieux et superficiel. Mais le talent de Sorrentino est justement de nous faire croire à cet univers comme un conte moderne et surréaliste où une sirène aurait peut-être traversée les ans jusqu'à cette napolitaine belle et désirable. Plusieurs plans sont digne d'icônes mythologiques, enveloppé d'une photographie sublime comme un écrin. En conclusion, on ne croit pas du tout à ce destin trop parfait mais dieu que c'est beau...
Site : Selenie.fr
3,0
Publiée le 16 février 2025
Oeuvre fascinante mais souvent anecdotique, le long métrage de SORRENTINO se pose comme un projet magnifique, une oeuvre belle et imposante, mais qui manque de clarté, quant à ce qu'elle véhicule, raconte, et expose de son héroïne, fantasmée et passionnée par son réalisateur
3,0
Publiée le 17 mars 2025
Bon, c'est mon premier Sorrantino, et , et oui je n'ai pas vu the Young Pope, Youth ou This must be the Place...
Et je dois dire que c'est une drôle d'expérience.
Le film est très poseur, et cela prend son temps. Mais alors qu'avec Nicolas Winding Refn dans sa série Too Old to Die Young, ici les corps ne sont pas forcément là pour apporter des émotions ou de la brutalité, mais des symboles. Et tout est plus ou moins parabole, tout en racontant l'histoire d'une femme...et de Naples.
C'est donc beau et parfois même spectaculaire. Sorrantino, est un grand réalisateur, mais aussi un intellectuel et cela se sent.
C'est un film à digérer et à analyser...
Mais malheureusement tout est un peu trop étiré.
Et par moments, je me suis quand même demandé ce que j'étais venu faire dans mon cinéma pour voir ça.
A voir si vous avez besoin de soleil, et que le romantisme et l’Italie c'est votre truc.
Pour les autres, ça reste quand même un peu trop "typé" et trop Napolitain ou italien, pour être appréciable si l'on y connait rien.
A noter que tous les acteurs sont habillés par Yves Saint Laurent...et le côté clip de pub prend parfois le pas sur le reste. Même si l'histoire n'est pas oubliée.
3,5
Publiée le 16 mars 2025
Très BEAU , j'insiste sur le mot car le film est très contemplatif mais néanmoins passionnant à suivre , film de Paolo Sorrentino qui célèbre là la Jeunesse perdue et fait découvrir une grande , et sublime , comédienne en la personne de Celeste Dalla Porta !
3,5
Publiée le 15 mars 2025
Avec "Parthenope", Sorrentino tisse une œuvre d’une beauté renversante. Chaque image frappe comme une peinture vivante, Naples baigne dans une lumière presque irréelle, et Celeste Dalla Porta capte l’écran avec une grâce magnétique. Gary Oldman, lui, apporte une touche de profondeur, entre ironie et mélancolie.
C’est un film envoûtant, d’une élégance folle, mais qui finit par se perdre un peu dans son propre esthétisme. C’est beau, très beau même, mais peut-être trop lisse pour être aussi bouleversant qu’on l’espérait. On aurait aimé sentir un peu plus de chaos sous la perfection.
3,5
Publiée le 16 mars 2025
Paolo Sorrentino enfante de Parthenope. C ' est le nom ancien de la ville de Naples dont ce brillant cinéaste est natif . C ' est également une odyssée de Parthenope héroïne qui vit et que le cinéaste détaille au fil des évènements qui magnifient cette déesse et cette ville aux milles visages et paysages . Cordialement. Gérard Michel
3,0
Publiée le 17 mars 2025
D'abord des belles et des beaux comme savent être les Italien(e)s. Puis des situations à la Fellini, Almodovar voire néoréalistes. Je n'ai pas tout compris de certains discours...cette ville de Naples...étrange.
3,5
Publiée le 18 mars 2025
Avec Parthenope, Paolo Sorrentino poursuit son dialogue obsessionnel sur la beauté et l’évanescence. Ce portrait d’une femme à la fois objet de fascination physique et intellectuelle, incarnée par Celeste Dalla Porta, convoque tout le cinéma de son cinéaste.

Dès son titre, Parthenope inscrit son héroïne dans la mythologie napolitaine. Fille-sirène échouée sur la côte, légende d’une beauté qui se consume dans son propre chant, Parthenope est ici une jeune femme dont l’existence semble suspendue entre l’admiration qu’elle suscite et le vide qu’elle ressent. Loin de la quête existentielle, elle incarne une jeunesse qui ne se sent déjà plus jeune, un beauté qui se sait éphémère. Sorrentino filme son errance avec la fascination d’un peintre de la Renaissance, traquant la lumière sur sa peau, le reflet d’un monde qui la regarde plus qu’il ne la comprend.

Parthenope fait de Naples un territoire du mythe, un espace où le réel et l’imaginaire se confondent. La ville devient un personnage, une présence qui hante l’héroïne autant qu’elle la définit. Sorrentino y insère des figures masculines : un prêtre âgé, un vieil homme homosexuel et intellectuelle : Eux voit en elle la réminiscence de leurs désirs passés, une figure de papier à laquelle il aimerait donner un destin. Elle lutte pour exister en dehors du regard des hommes, tentant de s’extraire du rôle d’icône qu’on lui assigne. C’est là que le film trouve sa véritable profondeur, Parthenope pose la question de la liberté des corps admirés.

Autre motif troublant : la relation teintée d’une tension érotique avec son propre frère. Sorrentino pousse ici son exploration du désir jusqu’à ses frontières les plus troubles : Parthenope est si enfermée dans son image que l’autre devient un reflet d’elle-même.

Visuellement, Parthenope est une épure dans la filmographie de Sorrentino. Moins baroque que ses précédents opus, il privilégie les plans fixes, la langueur des regards, la contemplation d’un monde où les gestes comptent autant que les mots. Pourtant, cette sobriété nouvelle ne signifie pas l’abandon de la virtuosité et de la surprise.
3,5
Publiée le 19 mars 2025
J’ai adoré ce film de Paolo Sorrentino malgré les 2h15 au rythme imparfait. C’est une superbe histoire, complexe mais limpide qui nous embarque dans la frénésie et les festivités napolitaines à travers un cadrage millimétré offrant des plans magnifiques. La géniale Celeste Dalla Porta vient sublimer les beaux décors et la belle photographie de l’œuvre. Il y a même des fulgurances très poétiques dans l’écriture des dialogues.
3,0
Publiée le 25 novembre 2024
Avec Parthenope, Paolo Sorrentino nous emmène dans une fresque intime et mélancolique, retraçant la vie de son héroïne éponyme de sa naissance dans les années 1950 à nos jours. Naples, à la fois envoûtante et rugissante, sert de toile de fond à cette odyssée féminine, marquée par des amours, des drames, et une quête de liberté. Cette liberté et cette beauté, l'héroïne en fait son mojo, une manière d'éviter de trouver du sens à sa vie. "Ô fière, ingrate, et fâcheuse beauté, Avec que toi je veux mourir et vivre." disait Ronsard à juste titre. Belle certes, brillante surtout. Pourtant, Parthenope est vide d'amour, du vrai, et incapable de charmer par sa spontanéité.

Visuellement, Sorrentino brille une fois encore : chaque plan est une œuvre d’art. Pourtant, cette virtuosité peut tourner à la mécanique. Les ralentis expressifs, les décors sublimes et les motifs formels s’enchaînent parfois avec trop de systématisme, donnant l’impression d’un "beau" calculé plus qu’authentique.

Les immersions dans les traditions napolitaines, bien que visuellement saisissantes, sont difficiles d'accès pour qui n'est pas déjà initié à cette ville, et laissent le spectateur extérieur à cet univers souvent perplexe. Le film séduit par moments, ennuie à d’autres, à cause de certaines longueurs frustrantes, qui manquent parfois de cohérence, et nous éloigne de l’essence du film : Parthenope. Si l’élégie mélancolique et romanesque de Parthenope rappelle les grandes œuvres de Sorrentino, elle trahit aussi une certaine répétition de ses thèmes, ses techniques et la lourdeur de certains de ses excès.
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